L' agence de l'eau Rhône-Méditerranée Corse a finalement retenu 28 dossiers pour son appel à projets sur la valorisation de l'énergie issue des eaux usées pour une aide potentielle de 7,2 millions d'euros. « Les collectivités s'interrogent sur la gestion optimale de l'énergie et se sont montrées réceptives », remarque Céline Lagarrigue qui a suivi les dossiers à l'agence. Cela est d'autant plus important que la consommation d'énergie pèse beaucoup sur le budget d'exploitation de leurs installations. La société Veolia Eau France constate ainsi qu'elle représente entre 15 et 30 % des charges d'exploitation de ses 3 600 Step. Si de mauvais réglages peuvent être corrigés et affinés, il faut aussi veiller à choisir les équi-pements les plus adaptés aux besoins sans oublier d'accompagner ces solutions techniques par un management spécialisé. Mais la conception ne doit pas être oubliée, même si les nouveaux projets sont rares au vu de l'âge du parc ; en effet, 39 % des stations ont moins de 10 ans et 18 % plus de 30 ans.
L'objectif est d'éviter le surdimensionnement, qui concerne de nombreuses Step françaises (le taux de remplissage moyen était de 47,3 % en 2012). « Pour notre centre intercommunal de traitement de l'eau (Citeau) de Belleville (69), mis en service en 2011, nous avons calculé la capacité au plus juste tout en intégrant les évolutions à l'horizon de 2035 et les jours de forte pluie. Finalement, elle fonctionne en moyenne à 60 % de sa capacité nominale, avec des pointes à 90 % », se félicite Frédéric Pronchéry, président du syndicat de traitement des eaux usées Saône-Beaujolais (Steusb). Les collectivités peuvent également favoriser des solutions moins énergivores en intégrant le coût d'utilisation (par exemple sur dix ans) à l'appel d'offres au lieu de comparer uniquement le coût d'investissement. « C'est un levier fort pour améliorer le cahier des charges et proposer des solutions d'amélioration énergétique », assure Éric Fievez, responsable efficacité énergétique pour l'activité traitement de l'eau de Suez Environnement. En complément, les Step peuvent aussi produire de l'énergie. Le biogaz issu de la méthanisation des boues peut être utilisé sur place, alimenter une unité de cogénération ou être injecté dans le réseau, une opération autorisée depuis la mi-2014. « Nous ne comptons qu'une dizaine de sites en cogénération, car les tarifs d'achat de l'électricité sont faibles », explique Éric Gaudy, directeur technique adjoint pour l'eau France chargé de l'efficacité opérationnelle pour Veolia Eau. Cette filière est suspendue à la refonte du tarif d'achat de l'électricité. Troisième option, la récupération des calories des eaux usées. Ainsi le Citeau (26 000 EH) assure le chauffage à basse température, le préchauffage de l'eau chaude sanitaire et le rafraîchissement d'un projet immobilier de 9 000 m2 de plancher.