Situé dans le département des Pyrénées-Atlantiques, le bassin de Lacq est le troisième pôle chimique français. L'activité de ce bassin industriel qui compte 20 installations classées pour la protection de l'environnement était traditionnellement liée à l'exploitation du gisement de gaz naturel et à la valorisation chimique de cette ressource. Sa reconversion industrielle est aujourd'hui axée sur le développement de la chimie fine et des nouveaux matériaux. Depuis 2008, le pôle traitement de l'eau pour l'industrie de Suez Environnement, spécialisé dans la gestion globale du cycle de l'eau des industriels et le développement de services innovants complémentaires, accompagne ainsi la gestion de la mutation industrielle du bassin de Lacq.
Fort de ses différentes expertises (construction, modernisation, exploitation) ainsi que de sa maîtrise de techniques performantes et éprouvées, Suez Environnement dispose des capacités pour répondre aux nouveaux enjeux de la plateforme chimique : assurer son futur par la mise en place de nouvelles activités et pérenniser ses installa-tions existantes dont la station d'épuration construite dans les années 1950.
Les attentes autour du bassin de Lacq ont été très fortes. En matière d'adaptabilité, il s'agissait d'améliorer le traitement tant sur le process que sur la réhabilitation des installations. En ce qui concerne la flexibilité, il fallait optimiser les coûts dans le cadre d'une démarche d'amélioration continue. Enfin, la réactivité reste une priorité pour faire face aux fluctuations de production.
Dans un contexte économique incertain, il est essentiel pour les industriels de gagner en souplesse. Les productions industrielles ne cessent de fluctuer et la compétitivité face à d'autres zones géographiques du monde est accrue. Suez Environnement a adapté son offre de services pour répondre aux attentes, en particulier en matière de flexibilité. Le groupe a proposé à la plateforme, dès 2012, la mise en place de son offre Ecoflow, un service de traitement d'effluents industriels dangereux et non dangereux hors-site. Il se présente comme une mutualisation de capacités de traitement de stations d'épuration pour les industriels qui ne disposeraient pas d'installations adaptées et qui seraient intéressés par une externalisation du service. Cette solution permet de compenser la baisse des volumes traités par la station d'épuration du site de Lacq et de maintenir son bon fonctionnement. Ce service apporte également des gains de productivité grâce au complément de revenus et au partage des gains entre Suez Environnement et la plateforme, une solution gagnant-gagnant.
Cependant, cet apport d'effluents externes n'a pas suffi à compenser l'arrêt de l'activité gazière survenu en 2013-2014. En effet, le cotraitement des effluents de l'industrie gazière et de ceux de la chimie du soufre avait des effets insoupçonnés. Le prétraitement des hydrocarbures par flottation pour protéger l'étage biologique permettait également d'extraire des compo sés organo-soufrés des effluents. Sans la présence d'hydrocarbures, le prétraitement a perdu son efficacité et donc provoqué l'envoi de flux de composés organo-soufrés dans les installations biologiques. La présence de ces composés fortement réducteurs a augmenté la demande en oxygène des effluents, induisant des capacités d'aération insuffisantes alors que la pollution carbonée diminuait. Cette problématique a entraîné des dysfonctionnements importants sur les installations de traitement.
Les équipes techniques de Suez Environnement et celles du bassin de Lacq ont travaillé ensemble pour déterminer des pistes d'amélioration, en mettant en place une équipe consacrée à ce projet. L'étude a été réalisée en plusieurs étapes. Dans un premier temps, une campagne analytique poussée par chromatographie en phase gazeuse a été menée afin d'identifier et de quantifier les molécules en présence dans les effluents entrants. Puis, le procédé d'ATPmétrie a déterminé la toxicité des effluents. Enfin, des essais pilotes d'oxydation à échelle semi-industrielle et des pilotes biologiques ont été réalisés.
Les résultats de cette étude ont permis de comprendre les mécanismes de dégradation des molécules soufrées et d'adapter le process de la station biologique. La solution apportée a consisté à mettre en place à la fin de l'année 2014 une unité Omobile de préoxydation à l'oxygène pur dans la zone de contact du bassin d'aération. En effet, l'oxydation des molécules soufrées a permis de pallier les insuffisances d'oxygénation de la biologie et a redonné des capacités épuratoires à la station.
Cette solution a donné de la souplesse d'exploitation en minimisant les investissements avec une meilleure variante Capex/Opex pour continuer à traiter les effluents de la chimie du soufre. Elle a aussi respecté les normes de rejet. L'unité mobile de traitement des eaux usées a été pérennisée sur le site en début d'année avec un service de location longue durée. En couplant l'offre Omobile à la solution Ecoflow, Suez Environnement a répondu au besoin croissant de flexibilité des grandes plateformes industrielles françaises.