Le vide juridique concernant les boues d'eau potable n'a pas encore été comblé mais l'Afnor a publié le 15 juillet le premier « guide des bonnes pratiques pour leur élimination et leur valorisation ». Jusqu'à présent, les préfets n'ont pas d'autre option que de s'appuyer sur la réglementation appliquée aux boues des eaux usées. Or, « les boues d'eau potable ne sont pas constituées des mêmes composés minéraux et organiques. Par exemple, on n'y retrouve jamais de composés organochlorés », explique Yvon Durand, l'ingénieur expert de Veolia qui a coordonné le projet. En revanche, ces dernières contiennent des produits de traitement de l'eau, potentiellement indésirables, comme l'aluminium par exemple. Ce guide, rédigé à la demande de Jean Paul Legroux du ministère de l'Agriculture, propose donc une classification des boues de potabilisation selon le traitement de l'eau dont elles sont issues, afin de garantir leur innocuité et leur traçabilité. Il permet de les distinguer en quatre catégories : les boues de clarification et d'affinage, de décarbonatation, de déferrisation (ou démanganisation) et enfin de reminéralisation. Il aura fallu quatre ans de travail à l'ensemble des parties prenantes, dont la fédération des professionnels de l'eau, pour arriver à ce résultat.Intérêt agronomiqueUne fois épaissies et déshydratées, ces boues sont appelées « terres de décantation ». Ce gisement, estimé à 200 000 tonnes de matière sèche par an, peut représenter un intérêt agronomique, en particulier si ces terres contiennent de la chaux. Par conséquent, Yvon Durand prend le parti de défendre la voie de l'épandage agricole dans ce guide « car c'est l'une des voies d'élimination des terres de décantation les plus écologiques et parce-que c'est la voie la plus utilisée par les grosses usines de production de l'eau actuellement » . Il fallait tout de même introduire une contrainte et c'est chose faite puisque ce guide propose un protocole d'échantillonnage et d'analyse de ces terres de décantation pour mieux définir leur valeur agronomique. « Il détaille aussi les doses limites à respecter en vue de leur épandage agricole », précise-t-il. Ce document s'adresse en priorité aux agriculteurs, aux producteurs d'eau ainsi qu'aux collectivités et Yvon Durand espère « qu'il donnera naissance à une future réglementation. »Pour acheter le guideUn complément d'informations sur le site de l'Afnor