La question de la séparation des urines a été abordée lors du 94e congrès annuel de l'Astee. Cette dernière présente de nombreux avantages, comme l'optimisation de l'épuration des eaux usées, l'amélioration du traitement des micropolluants et une meilleure valorisation des nutriments des effluents. Le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap), à travers le projet SMS, qui a démarré en avril, se penche sur la faisabilité de la collecte et du traitement des eaux jaunes. En 2030, la capacité de traitement de l'azote du Siaap sera dépassée. Sachant que les urines contiennent 80 % de l'azote des eaux usées pour seulement 1 % des volumes collectés, le syndicat étudie sérieusement la possibilité d'une collecte sélective. Elle aurait pour objectif de réduire de 11 tonnes par jour le flux d'azote vers les Step et ainsi respecter les capacités épuratoires en place. « Cela revient à sortir 1 million d'habitants de l'assainissement classique, soit l'équipement de 400 000 à 500 000 logements en collecte sélective », précise Jean-Pierre Tabuchi, chargé de mission intégration des mutations au Siaap. Même en comptant la rotation quotidienne des 150 camions nécessaires à la vidange des cuves de stockage et le traitement spécifique des eaux jaunes, le bilan carbone resterait meilleur qu'une gestion centralisée classique en Step. Mieux : le rééquilibrage du rapport N/P des effluents permettrait une valorisation poussée de leur DCO (en méthane par exemple) par les traitements existants et limiterait leur consommation énergétique.
Si l'idée fait son chemin, certains points demeurent problématiques, comme les risques de pollution fécale ou la précipitation de certains sels, ainsi que la définition d'un cadre pour la prise en charge des coûts d'équipement et de fonctionnement. Le programme SMS 2015-2020 (Séparation des micropolluants à la source) regroupe justement PME et laboratoires pour répondre à certaines questions relatives à la conception des équipements ou à l'écotoxicologie des rejets. Car les urines contiennent près des deux tiers de la toxicité des eaux usées. « Leur collecte sélective améliorera les performances des traitements tertiaires, dont l'efficacité est grandement limitée par le mélange des micropolluants avec de nombreuses autres substances et leur très forte dilution », indique Étienne Paul, de l'Insa Toulouse. Une plateforme de démonstration va être mise en place à Portet-sur-Garonne, en Haute-Garonne : test de W.-C. par canalisations gravitaires ou sous vide, mesure des taux de séparation et de dilution, pilotes de traitement des eaux jaunes, grises et noires. Enfin, des questionnaires et des enquêtes auprès des usagers, institutionnels et collectivités évalueront l'acceptabilité socio-économique du projet. DH