« L'eau est loin d'être l'une des priorités des discussions climatiques », a reconnu Manuel Pulgar Vidal, ministre de l'Environnement du Pérou lors du lancement de la journée sur la résilience et l'eau. Même constat pour la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal. «C'est la grande invisible des négociations ». Pour la première fois, pourtant, la thématique est enfin abordée au sein d'une COP dans une journée placée sous le signe de la résilience.
Tous les indicateurs sont au rouge : augmentation des phénomènes extrêmes de sécheresse et d'inondation avec à la clef des risques de conflits de plus en plus élevés. « 28 % de la population mondiale manque d'eau aujourd'hui et ce sont 43 à 50 % qui en manquera en 2080 », a rappelé la ministre. Au niveau économique, les conséquences promettent aussi d'être désastreuses. « Si rien n'est fait pour une meilleure gestion de l'eau, les pénuries pourraient engendrer une chute de 5 à 10 % de la croissance du PIB de certains pays d'Afrique, d'Asie ou du Moyen Orient », a prévenu Junaid Kamal Ahmad, directeur de l'eau à la Banque mondiale. L'eau apparaît au cœur des solutions d'adaptation mais aussi d'atténuation du changement climatique. La matinée a donc été l'occasion de présenter une série d'engagements. Parmi eux, le Pacte de Paris sur l'eau et l'adaptation au changement climatique initié par le Réseau international des organismes de bassins (Riob). « Ce pacte est une initiative exemplaire qui va donner un coup d'accélérateur à la gestion de l'eau par bassin versant », s'est félicitée Ségolène Royal. Près de 300 organisations telles que des gouvernements, bailleurs, organismes de bassin, entreprises et société civile issues de 87 pays l'ont déjà signé. Il vise à renforcer les capacités et les connaissances, à adapter la gestion par bassin au changement climatique, à renforcer la gouvernance et enfin assurer un financement adéquat. « Le Pacte ne se termine pas aujourd'hui et d'autres membres peuvent nous rejoindre », a tenu à préciser Jean-François Donzier, secrétaire général du Riob.
Parmi les autres initiatives présentées, une plateforme de coopération et d'échange des bonnes pratiques entre mégapoles, particulièrement concernées par les problèmes d'approvisionnement en eau et d'inondations. Elle a été lancée sous l'égide de l'Unesco. La conférence internationale « Eau, mégapoles et changement global » se tient d'ailleurs en parallèle de la COP21 au siège de l'Unesco, à Paris.
Les entreprises ont aussi présenté leurs engagements. Jean-Louis Chaussade a rappelé ceux pris par Suez environnement : multiplier par 3 la capacité de production en eau alternative (recyclage eaux usées ou recharge de nappes phréatiques) d'ici à 2030 et économiser l'équivalent en eau de la consommation d'une ville de deux millions d'habitants d'ici à 2020. Comme une trentaine d'autres entreprises telles que Danone, Saint-Gobain ou Carrefour, Suez a signé l'alliance des entreprises pour l'eau et le changement climatique. Chaque entreprise s'engage selon sa situation à identifier et rendre public ses risques liés à l'eau, mesurer ses impacts sur la ressource et les réduire.
Enfin, 20 organisations pour la jeunesse ont signé un engagement pour l'eau et l'adaptation au changement climatique (Youth commitment for water and climate change adaptation).PRB