Après trois années de travail, le projet Hyccare (hydrologie, changement climatique, adaptation, ressource en eau) a rendu ses conclusions. Un séminaire de restitution était organisé auprès de 130 acteurs locaux la semaine dernière. Ce projet de recherche multidisciplinaire retenu par le programme national GICC (gestion et impacts du changement climatique) visait à analyser les impacts du changement climatique sur la ressource en eau à une échelle locale et entamer une démarche de concertation auprès des acteurs de l'eau pour anticiper les changements à venir. Augmentation brutale des températuresEn étudiant à la fois le climat passé (depuis les années 1960) et en utilisant des outils de modélisation hydro-climatique permettant des simulations en continu jusqu'en 2100 sur 13 bassins-versants, les chercheurs ont pu apporter des tendances aux acteurs locaux. « L'analyse des données passées montre que l'augmentation des températures n'a pas été linéaire mais brutale. On observe une augmentation de 1°C dans les années 87-88. La modélisation en continu rend aussi compte de ce phénomène. Mais on ne peut pas savoir quand ces ruptures se produiront et quelle en sera l'intensité », détaille Anne-Cerise Tissot, chargée de mission eau et changement climatique à Alterre Bourgogne, l'agence régionale pour l'environnement qui coordonne le projet. Les débits des cours d'eau ont enregistré une baisse de 11% lors de la rupture opérée dans les années 80. A long terme, les températures continueront de monter par paliers successifs et les débits de baisser. Des ateliers du climat pour échanger sur l'avenir de la ressourceDes conclusions que les chercheurs ont présenté aux acteurs locaux dans le cadre d'ateliers dédiés.Le second axe du projet visait, en effet, à étudier plus particulièrement les politiques de l'eau sur le territoire et la perception que les acteurs de l'eau peuvent avoir du changement climatique. Trois bassins versants sur lesquels des Sage ont été mis en œuvre ont été particulièrement étudiés par les chercheurs à travers des entretiens auprès d'acteurs locaux. Des « ateliers du climat » ont aussi été organisés dans deux bassins : l'Armançon et la Tille. « Il s'agissait de réaliser sur un ou deux jours un travail de prospective de manière participative et créative en mettant les acteurs du territoire en action », précise Anne-Cerise Tissot. Très bien accueillis par les membres des Commissions locales de l'eau (CLE), ces ateliers ont permis de les acculturer au changement climatique et d'échanger en direct avec les chercheurs en dehors de la structure formelle des Sage. « Une dynamique constructive a été lancée et d'autres échanges devraient avoir lieu sur ces territoires pour poursuivre la réflexion », assure Anne-Cerise Tissot. Pauline Rey-Brahmi