La présence naturelle de calcaire dans l’eau ne représente pas de risque sanitaire pour les consommateurs. Aucune norme ou limite de qualité n’encadre donc la dureté de l’eau - caractérisée par son titre hydrotimétrique (TH). Tout dépend du ressenti et des besoins exprimés par la collectivité et les usagers. « Nous constatons grosso modo d’après nos enquêtes auprès de consommateurs et nos études scientifiques que les eaux sont adoucies quand elles titrent en moyenne au-delà de 25°F », observe Pierre Pieronne, référent production qualité eau potable à la direction technique de Suez.Il y a une vraie tendance au développement des traitements de décarbonatation collective. « Sur nos derniers gros renouvellements de contrats, dans le nord et en région parisienne, les collectivités nous avaient demandé de leur proposer deux types d’offre : l'une simple et l’autre avec une option d’adoucissement. Et au final, toutes ont choisi de traiter le calcaire », confirme l’expert du groupe. Cette hausse du marché pourrait également s’expliquer par le fait que de nombreuses collectivités sortent aujourd’hui d’une période d’investissement soutenue sur leurs outils de production d’eau et d’assainissement ; elles retrouvent donc une marge de manœuvre économique. Certaines choisissent en conséquence de baisser le prix de l’eau alors que d’autres vont utiliser cet excédent pour investir sur des traitements de décarbonatation sans augmenter le prix de l’eau.« La ville de Poissy par exemple qui vient de s’engager de nouveau avec nous sur un contrat de 10 ans a obtenu une baisse de 10% intégrant la mise en place du traitement du calcaire », illustre Pierre Pieronne. Le surcoût de l’adoucissement est estimé entre 15 et 50 centimes le mètre cube - selon la taille de l’installation- sur un coût moyen de 3,5 euros/m3. « Et le bénéfice pour le client est supérieur à 1 euro/m3, grâce notamment à une meilleure protection de leurs équipements type chauffe-eau ».Ce marché se développe dans les régions françaises où l’eau brute est naturellement la plus dure, soit dans le quart Nord-Est incluant le bassin parisien, ainsi que dans les vallées de la Saône et du Rhône, certaines zones du Languedoc, d’Aquitaine et même des Alpes.Le choix entre les techniques disponibles dépendra alors de la taille des installations. L’électrodécarbonatation et les résines échangeuses d’ions s’adaptent mieux de par leur coût à des petites unités (moins de 10 000 m3/jour) alors que les procédés par décarbonatation chimique (catalytique et par recirculation de boues) sont plus accessibles pour les gros débits à traiter. La qualité de l’eau brute est également à prendre en compte. Par exemple, la présence de micropolluants peut orienter le choix du procédé sur des membranes de nanofiltration plus polyvalentes. En revanche, excepté pour l’électrolyse dont la performance est limitée à l’abattement d’une dizaine de degrés de dureté, les autres techniques peuvent descendre aussi bas que désiré. « Pour nous, l’obtention d’une dureté de 15° F sur le calcium représente souvent le meilleur compromis coût-bénéfice », juge l’expert du groupe Suez.Alexandra DelmolinoContributions1) Par Sabine Blondeau, ingénieur R&D chez SaurCalcycle fait ses preuves en Charente2) Par Samuel Cambrai, ingénieur support technique eau potable chez SuezErca2 réduit sa consommation d'énergie3) Par Anne Gicquel, experte process eau potable à la direction technique et innovation de Veolia Eau zone Ile-de-France Nord OuestOpamem-Nano pour adoucir et dépolluer