Comment se portent les entreprises de canalisations ?Alain Grizaud : Le chiffre d'affaires 2015 est en baisse de 6 % environ. Nos enquêtes trimestrielles montrent que nos entreprises ne sont pas optimistes. Si la baisse des prix s'est arrêtée, ils se sont stabilisés à un niveau très bas.Les carnets de commandes s'améliorent légèrement à 3,1 mois. Mais il faut pondérer ces résultats. Les entreprises de grande taille, multimétiers et multirégionales s'en sortent mieux que les autres. Il y a aussi une différence géographique : le Grand Paris n'a pas le même potentiel que la Creuse ou la Lozère. Nous bénéficions d'un peu plus de lisibilité que l'année dernière à la même époque, à condition que tous les projets se réalisent !Et au niveau de l'emploi ?AG : Cela fait deux années consécutives que les entreprises ont recours à l'emploi partiel ce qui n'est pas dans leurs habitudes. Elles se sont pourtant déjà adaptées à l'évolution du marché en ne renouvelant pas les départs en retraite. On constate une légère reprise des heures intérimaires. Quant aux emplois permanents, ils sont stables voire dans une légère baisse.Comment appréhendez-vous l'application de la loi Notre ? AG : On constate beaucoup de disparités entre les collectivités qui ont anticipé et se sont déjà mises en ordre de bataille et celles qui sont dans l'attente et gèlent tous leurs projets. Nous trouvions très rationnel de réduire le nombre des services d'eau et d'assainissement. Mais plutôt que des regroupements au sein d'intercommunalités, nous aurions préféré la création de grands syndicats techniques à l'échelle d'un département et dotés de vrais moyens d'action. Cela aurait favorisé l'équité territoriale et le mécanisme de péréquation. Par ailleurs, certaines grandes intercommunalités ont lancé des grands travaux d'infrastructure qui les ont endettées au risque de compromettre d'autres financements. Les collectivités ont-elles intégré la gestion patrimoniale de leurs réseaux ?AG : Oui mais essentiellement du fait de l'obligation réglementaire (loi Grenelle). Beaucoup d'aides des agences de l'eau ont désormais pour prérequis l'inventaire des réseaux ou la réalisation de schémas directeurs. Mais il subsiste une vraie méconnaissance du patrimoine et une politique de l'autruche dans bien des cas. Seules des ruptures de canalisation accidentelles occasionnant des dégâts importants commencent à faire réfléchir. Quel regard portez-vous sur les chartes qualité réalisées dans le cadre de l'Astee?AG : Nous sommes partenaires de la démarche depuis l'origine. Alors que les budgets sont contraints, ces chartes permettent de définir des processus applicables à l'ensemble des acteurs de façon à ce que les travaux réalisés dans les réseaux soient le plus pérennes possibles. Les retours, notamment sur les chantiers d'assainissement, sont bons !Propos recueillis par Pauline Rey-Brahmi