« En 2010, nous étions déjà à 83,7 % de rendement. Si bien que les obligations de la loi Grenelle 2 n’ont pas changé notre démarche, mais nous avons poursuivi nos efforts », observe Jean-Philippe Noailly, responsable du service réseaux à la Roannaise de l’eau, dont le réseau de distribution de 591 km à caractère mi-urbain, mi-rural, affichait en 2015 un rendement de 85 %.En 2012, un jeune ingénieur est ainsi recruté sur trois ans afin d’améliorer la gestion patrimoniale du réseau et augmenter encore son rendement réseau. Lors de l’étude en 2008 relative au schéma directeur eau potable, neuf secteurs avaient déjà été délimités. Le syndicat a souhaité approfondir ces travaux en identifiant une quarantaine de secteurs et en les équipant, sur deux ans, de compteurs de sectorisation et de data loggers installés sur les points de comptage pour suivre les débits en temps réel. Par ce biais, l’équipe de techniciens assignés à l’exploitation des réseaux vérifie tous les matins les débits nocturnes enregistrés sur chaque secteur. « Cette sectorisation a eu un bénéfice direct sur la surveillance des débits. En cas de valeur nocturne suspecte, les agents partent dès le lendemain sur le terrain localiser la fuite et, si besoin, ils interviennent en réparant une conduite ou en changeant un collier fuyard ou une vanne. » Les fuites sont alors localisées grâce à des prélocalisateurs mobiles, un corrélateur mobile et de l’écoute au sol.En parallèle, depuis 2013, les compteurs des abonnés sont renouvelés à hauteur de 1?000 compteurs par an sur un parc qui en compte 23?000. Une étude a également été lancée afin de dégager les pistes d’amélioration du parc de comptage, aujourd’hui radiorelevé à 75 %. « Nous comptons, à terme, utiliser davantage les potentialités des modules radio installés sur les compteurs des abonnés pour améliorer les calculs de rendement. Par exemple, nous allons cumuler les historiques des abonnés d’un même secteur et calculer des rendements mensuels par secteur au lieu d’un rendement annuel. »Le syndicat a aussi décidé d’aller plus loin en traquant les petites fuites invisibles avec une prélocalisation fixe. « Nous avons travaillé avec notre fournisseur Primayer pour savoir où installer les appareils et vérifier sur le terrain si c’était techniquement faisable. »Entre 2013 et 2015, 280 prélocalisateurs ont été installés sur les trois secteurs les plus sensibles aux fuites de la collectivité, espacés d’une distance moyenne de 200 mètres. Le dispositif, qui a nécessité un investissement de 160?000 euros HT, fournit des mesures hebdomadaires, voire quotidiennes lorsqu’il y a suspicion de fuites. Les données sont hébergées sur le serveur web de Primayer. « Nous avons gagné en réactivité sur la recherche de fuites », souligne Jean-Philippe Noailly, qui réfléchit déjà à de nouvelles pistes d’actions pour atteindre le seuil des 90 % de rendement. « Nous allons affiner encore notre sectorisation en homogénéisant les technologies de transmission des données des enregistreurs et en automatisant le système avec des seuils d’alerte. Enfin, à l’autre bout de la chaîne, nous réfléchissons également à optimiser la radiorelève et nous étudions l’intérêt de la télérelève. »Alexandra Delmolino