À Perpignan, le rendement affichait à la signature du nouveau contrat d’assez faibles performances avec 68 % en brut et 73 % en net, en intégrant la consommation des eaux de service. Le délégataire était tenu de le faire progresser avec un objectif final de rendement brut fixé à 83,5 % en 2023 et deux seuils intermédiaires fixés à 76 % au 1er juillet 2016 et à 81,25 % en 2019.Et l’échéance de 2016 vient d’être franchie avec succès avec l’atteinte des 76 %. « Pour ce faire, nous avons dû régler des problèmes en amont sur la filière de désinfection de l’eau à base de bioxyde de chlore. Cet oxydant très puissant avait attaqué tous les branchements en polyéthylène et déclenché énormément de fuites, précise Jean-François Lluch, directeur territorial Pyrénées-Orientales chez Veolia. On en a dénombré jusqu’à 80 par semaine ! »Pour commencer, 2 millions d’euros ont donc été investis sur la station de potabilisation dans des travaux de reminéralisation de l’eau et un passage à la désinfection au chlore gazeux. En parallèle, un programme de renouvellement de branchements a été lancé à l’aide de nouveaux branchements en Excel-Plus, un matériau plastique très résistant à base de PEHD et PVDF développé en partenariat par Veolia, Arkema et Aliaxis. Près de 500 à 600 branchements sont remplacés annuellement sur les 44 000 du parc de la collectivité.Sur cette base assainie, le délégataire a pu passer à la vitesse supérieure en matière de recherche de fuites. Il a commencé par renforcer la sectorisation du réseau en ajoutant des débitmètres double flux sur certains des 35 secteurs et en pilotant via des bilans quotidiens les résultats de cette sectorisation. Trois secteurs abritant des zones d’activité ont été équipés en plus de vannes de modulation de pression afin de diminuer la pression la nuit et limiter les risques de fuite. Ces travaux s’élèvent globalement à 270 000 euros.En complément, profitant du déploiement de la télérelève inscrite au contrat, Veolia a déployé sur le réseau une prélocalisation fixe via l’installation de 600 prélocalisateurs Primayer équipés de têtes HRF communicant en 868 MHz. « Nous visualisons ainsi sur notre portail d’exploitation les zones à suspicion de fuites qui apparaissent en orange ou en rouge selon le niveau de bruit. Dans ce cas, nous dépêchons directement notre équipe de chercheurs de fuites dans la rue indiquée pour la localiser et la réparer. Alors qu’avant nous procédions avec deux campagnes annuelles de recherche de fuite sur le réseau, nous réglons désormais une fuite en six jours. Cela nous fait gagner six mois », observe le responsable de Veolia, qui a investi 400 000 euros dans cette prélocalisation fixe.Les résultats sur les rendements ne se sont pas fait attendre. La première année, près de 200 000 m3 ont été gagnés sur un volume introduit de 12 millions de m3. L’année suivante, le gain s’est élevé à 600 000 m3. Au total, près de 1 million de m3 a été gagné en un peu plus de deux ans et désormais, deux fuites sont détectées chaque jour. « Nous avons aussi profité de la télérelève et de la sectorisation pour calculer les rendements hebdomadaires par secteur. Pour la petite histoire, la télerelève nous a permis de constater que certains débits nocturnes importants que nous attribuions auparavant à des fuites sur le réseau public ne l’étaient pas. Mais qu’ils correspondaient à des usages chez les particuliers qui attendent la nuit pour remplir leurs piscines ou arroser, voire à des fuites sur parties privatives. Les nouvelles technologies apparues récemment vont donc nous aider à optimiser davantage l’investigation sur les fuites », juge Jean-François Lluch.Alexandra Delmolino