Valorisation économique des produits agricoles respectant l’eau, à l’instar de Lons-le-Saunier, et maîtrise foncière : le territoire du syndicat Eau du bassin Rennais innove pour protéger ses 12 captages d’eau potable sur 1 500 km2 de bassins versants. En amont, la collectivité, qui réunit 56 communes, réalise depuis 1974 la mise en œuvre des périmètres de protection réglementaires, avec un dernier arrêté de DUP signé en 2015. Dans ce cadre, elle acquiert progressivement des parcelles sur les périmètres classés sensibles pour faciliter la mise en place d’une agriculture plus respectueuse de l’eau via la mise en place de baux ruraux à clause environnementale (BRCE). « Sur ces périmètres, notre stratégie de protection a largement évolué depuis les années 90. A l’époque, la volonté était de reboiser et de soustraire le foncier à l’agriculture. Mais nous en sommes revenus et pour concilier l’activité économique et la protection de l’eau, nous cherchons plutôt à mieux encadrer les pratiques agricoles via le respect d’un cahier des charges à clauses environnementales. En contrepartie de leur implication sur ces parcelles soumises à BRCE, leur loyer est divisé par quatre », explique Magali Grand, attachée au pôle de protection des ressources d’Eau du bassin Rennais (EBR). Aujourd’hui, 30 hectares de parcelles sont gérées via des BRCE et 60 ha supplémentaires sont prévus.La collectivité travaille également depuis plus de vingt ans à l’échelle de quatre bassins versants renfermant les captages les plus productifs en eau potable. Après des changements agronomiques assez simples inscrits dans ses contrats de territoire mais s’avérant à terme peu efficaces sur la qualité de l’eau, une approche de travail plus transversale a été élaborée. Elle a ainsi intégré des cibles comme l’amélioration de l’autonomie énergétique et alimentaire. C’est en ce sens que la ville de Rennes a expérimenté en 2015 un premier marché public innovant d’une durée de trois ans pour sa restauration scolaire. Celui-ci lui permet de soutenir financièrement les productions de yaourts et de porc issus d’une agriculture respectant l’eau. « Nous avons beaucoup travaillé sur le montage juridique du cahier des charges pour vérifier qu’il ne soit pas rejeté pour excès de localisme. Nous achetons plus cher les productions agricoles qui respectent l’eau mais pour ce faire, nous nous référons à l’achat d’une qualité d’eau », précise la responsable. Suite à cette première expérience réussie, EBR a décidé d’élargir cette offre d’ici à la fin 2016 à 12 communes via la création d’un groupement de commande pour la restauration collective. Pour valoriser ces bonnes pratiques auprès du grand public, elle lance sa marque « Eau en saveurs » qui attestera de l’origine de ces produits. Autant d’initiatives qui l’ont naturellement menée à rejoindre en janvier 2016 le réseau Eau et Bio de la FNAB, et ce malgré une SAU bio encore timide de 2,2%.Enfin, un travail important a été réalisé dans ses quatre captages prioritaires, en collaboration avec la Safer sur l’échange de foncier agricole. En 2014, un premier échange a porté sur 66 ha sur les Drains du Coglais, suivi en 2015 par un deuxième échange sur ce captage. « Par ce biais, trois exploitants ont pu réorganiser leur parcellaire pour respecter les contraintes de pâturage liées à l'eau et un jeune a pu s'installer dans de bonnes conditions. Nous en avons également profité pour acquérir 11,8 ha mis en location par le biais d’un BRCE », souligne Magali Grand. Un travail de fourmi qui devrait porter ses fruits.Alexandra Delmolino