Un sondage réalisé en janvier dernier avait montré que le calcaire était le premier motif d'insatisfaction de 85 % des consommateurs d'eau alimentés par l'usine de Louveciennes dans les Yvelines gérée par le SMGSEVESC. Désormais 450 000 habitants des Yvelines et des Hauts-de-Seine pourront profiter d'une eau moins calcaire. La Société des eaux de l'ouest parisien (Seop), filiale de Suez et en charge du contrat de délégation du SMGSEVESC a équipé l'usine de production d'eau potable de son procédé de décarbonatation par ajout de réactif puis décantation (procédé Densadeg de Suez).Elle permettra de faire baisser la dureté de l'eau de 34 à 20°f et ainsi d'éliminer 50 % du calcaire en excès. L'unité pourra traiter 105 000 mètres cubes d'eau par jour. « Nous avons choisi ce procédé plutôt que des membranes car il n'y a pas d'autres contaminants à éliminer. Elle permet d'atteindre l'objectif au meilleur coût », détaille Bertrand Camus, directeur général de Suez Eau France. Le surcoût lié à la décarbonatation est évalué en moyenne entre 15 et 20 centimes par mètre cube. L'investissement pour cette unité aura été de 12 millions d'euros. Mais ici,cela ne générera pas d'augmentation du prix de l'eau pour les usagers. « Les investissements du précédent contrat ont été amortis ce qui génère une économie. Elle peut être totalement réinjectée pour faire baisser le prix de l'eau ou être utilisée pour de nouveaux investissements. Le SMGSEVESC a décidé de baisser en partie le prix de l'eau de 15 % et de financer la décarbonatation », ajoute Bertrand Camus. D'après le directeur général, une eau moins calcaire permet une économie moyenne de 120 à 150 euros par an et par foyer avec moins d'encrassement des appareils ménagers et moins d'énergie utilisée pour chauffer l'eau. Les 4000 tonnes de calcaire extraites par l'unité seront utilisées comme amendement par des agriculteurs dans une cinquantaine de communes des Yvelines. Un projet de valorisation auprès des particuliers est aussi en cours. Ce projet de décarbonatation n'est pas le seul entrepris par Suez dans l'Ouest parisien. Des unités de décarbonatation devraient bientôt voir le jour sur l'usine du Mont Valérien géré par le Syndicat des eaux de la presqu'île de Gennevilliers et les usines de Suez au Pecq et à Flins-Aubergenville. « Ce sujet commence à s'imposer. Aujourd'hui, nous ne sommes plus uniquement dans la logique de distribuer de l'eau potable mais de fournir un service qui réponde à la demande des consommateurs », considère Bertrand Camus. La construction de cette unité s'inscrit dans le contrat de délégation de service public remporté par Suez fin 2014 pour la gestion du service d'eau potable. D'un montant de 250 millions d'euros sur 12 ans, il prévoyait aussi la création d'une société dédiée, la Seop, pour gérer le contrat de DSP et la mise en place d'Aqua 360, un centre de pilotage en temps réel des usines et du réseau pour lutter en particulier contre les fuites. Le délégataire s'est engagé à atteindre 90 % de rendement au minimum. Pauline Rey-Brahmi