Fin mai, le Graie, association de scientifiques, de collectivités et de professionnels de la gestion de l'eau, a lancé dans le cadre du programme MediATeS, un site internet doté de supports pédagogiques (vidéos) pour sensibiliser les professionnels de santé et le grand public à la problématique des médicaments dans l'eau. Cette initiative s'inscrit dans la dynamique du site pilote Sipibel à Bellecombe en Haute-Savoie qui permet, depuis 2011, de mener des expérimentations sur cette thématique. La Step de Bellecombe avait, en effet, la possibilité de traiter séparément les effluents urbains des effluents du nouveau centre hospitalier Alpes Léman. L'occasion idéale de caractériser les différents rejets, d'observer l'impact du traitement et le potentiel de résidus de médicaments dans les milieux. Vingt-deux sites de prélèvement ont été choisis dans les cours d'eau et dans les nappes en aval de la Step, mais aussi en amont et aval des deux filières de traitement avec au total 130 paramètres suivis. Parmi eux, des paramètres physico-chimiques, microbiologiques, des analyses biologiques et hydrobiologiques. La sixième conférence Eau et Santé qui se tenait fin mars à Lyon a fait le point sur les apports du site Sipibel. « Une partie des résultats avait déjà été présentée il y a deux ans mais il était important de prendre du temps pour croiser les données physico-chimiques et les indicateurs écologiques », rappelle Elodie Brelot, directrice du Graie, qui anime le site avec le Syndicat des eaux des Rocailles et de Bellecombe. Le suivi a montré que le traitement diminue fortement la toxicité, l'antibiorésistance et les charges d'une grande partie des polluants. Par ailleurs, le projet a confirmé qu'il n'était pas judicieux de traiter séparément les effluents hospitaliers du point de vue environnemental et économique. En effet, les rejets de médicaments sont en grande partie domestiques et traiter les deux effluents ensemble ne modifie pas les performances de traitement. « Les filières étaient gérées comme deux Step différentes. Garder un traitement séparé aurait coûté cher car les effluents hospitaliers étaient traités en sous-charge soit un temps de séjour important générant notamment une plus grande consommation d'énergie », ajoute Elodie Brelot. Aujourd'hui, Sipibel perdure grâce à l'émergence de nouveaux projets de recherche en particulier sur la réduction du risque à la source. En plus des projets Interreg Irmise (sur la perception des risques) et Rilact (retenu dans le cadre de l'appel à projets national sur les micropolluants visant à étudier la dégradation des médicaments dans les réseaux d'assainissement), Sipibel est à l'origine d'un projet de base de données sur les micropolluants. Elle vise à structurer et qualifier précisément les données issues des recherches et visualiser des résultats rapidement. « Nous sommes associés à 5 autres projets de l'appel sur les micropolluants pour faire en sorte que la mutualisation des données soit possible à l'avenir. Ces campagnes de mesures sont coûteuses, il y a donc un réel intérêt à capitaliser ces données », assure Elodie Brelot. Dans le cadre du projet MediATeS, le site internet a été construit en collaboration avec des professionnels de santé de même que les vidéos dessinées pédagogiques. Une campagne d'emailing auprès des professionnels de santé est en coursPauline Rey-Brahmi