La gestion des eaux pluviales est partie intégrante des processus de conception des villes et territoires. Les enjeux autour de cette pratique sont importants car elle permet de pérenniser le cycle de l’eau, c’est-à-dire l’infiltration, un concept que porte le bureau d’études Infra Services.
Les ouvrages de stockage et d’infiltration font fréquemment appel à des techniques industrielles maîtrisées, comme les structures alvéolaires ultralégères (Saul), les canalisations surdimensionnées, les réservoirs enterrés en béton, métalliques, perforés ou non, toutes ces solutions ayant pour objet de rechercher le meilleur indice de vide. Ces ouvrages concentrent les eaux pluviales dans un espace bien défini mais à des profondeurs auxquelles l’infiltration n’est pas celle des horizons les plus favorables et surtout avec de faibles surfaces d’infiltration liées à leur taille. Lorsque la perméabilité des terrains est faible, voire très faible, il est difficile d’infiltrer la totalité des eaux pluviales de l’épisode pluvieux de référence. Dès lors, ces ouvrages sont vidés à débit régulé vers des exutoires. Les règlements d’assainissement sont assez peu contraignants en la matière puisqu’ils permettent ces débords pour la plupart des débits de fuite au lieu d’imposer le zéro rejet.
C’est dans ce contexte qu’Infra Services développe, depuis sa création en 1986, un mode de conception qui consiste à éviter ou limiter l’installation d’ouvrages de stockage et à utiliser le plus possible une gestion des eaux pluviales de surface. Son processus projet certifié Iso 14001 est basé sur les principes suivants : ne pas enterrer l’eau, la gérer au plus près de l’endroit où elle précipite, ne pas la faire transiter vers un exutoire (pas de canalisations), ne pas la concentrer, rechercher le zéro rejet et utiliser le plus possible de surfaces d’infiltration. Pour répondre à ces objectifs, le travail de conception porte principalement sur le nivellement des voiries, des parcelles lorsqu’il s’agit d’une opération d’aménagement, la maîtrise en amont des descentes d’eau pluviale, l’identification des lieux de stockage, plus que la définition de points bas, et la construction d’ouvrages enterrés. La notion plus récente de gestion à la parcelle représente un outil de conception fondamental pour maximiser les surfaces d’infiltration et tendre vers le zéro rejet. Infra Services s’est fixé comme objectif de rechercher prioritairement les surfaces d’infiltration dans le domaine privé et de considérer que toutes ces surfaces doivent contribuer le plus possible à la pérennité du cycle de l’eau par infiltration. En effet, dans une opération d’aménagement classique, entre 60 et 80 % des surfaces sont privées. Les eaux issues de ces impluviums lorsqu’elles sont traitées sur le seul domaine public, lui-même très minéralisé, représentent une difficulté majeure, non pas pour le stockage, mais surtout pour l’infiltration. Infra Services a donc une vision du stockage, non dans un ouvrage, mais selon laquelle le terrain naturel lui-même devient ouvrage de stockage grâce à de simples aménagements de nivellement. La terre végétale et les micro-organismes qui s’y développent sont un atout supplémentaire par leur comportement dans les mécanismes de stockage-restitution.
La société d’ingénierie encadre la gestion des eaux pluviales à la parcelle par un accompagnement des acteurs de l’acte de construire (aménageurs, promoteurs, bailleurs, architectes, urbanistes, constructeurs…) dans la conception de leurs ouvrages. C’est avant tout un travail pédagogique avec l’élaboration de fiches de cas, puis des visas hydrauliques des permis de construire. Infra Services effectue aussi des contrôles a posteriori des ouvrages de gestion des eaux pluviales à la parcelle en délivrant un certificat de conformité, à l’image de ce qui se pratique pour les réseaux d’électricité ou de gaz. Ce principe garantit le non-transfert des eaux pluviales du domaine privé. Dans le domaine public, la conception devient plus simple, l’eau n’est pas mise en mouvement, chaque espace vert est creusé en fonction de son impluvium minéral. Le passage d’espace vert en espace vert se fait par surverse, les temps de vidange sont contrôlés bief par bief et les aménagements, notamment les plantations, sont mis en adéquation avec ces temps de vidange.Lorsque les espaces verts manquent, car il n’est pas question d’en créer de supplémentaires à ceux issus de la programmation pour la seule gestion des eaux pluviales, ce sont alors les matériaux constitutifs des structures de chaussées ou les structures de trottoirs qui prennent le relais en chaussées réservoirs. Certes, l’indice de vide est plus faible que sur des ouvrages concentrés, mais les matériaux sont déjà financés pour leur fonction première et les surfaces d’infiltration sont évidemment beaucoup plus importantes.
Infra Services a également développé au sein de sa R & D des outils d’accompagnement de ce concept, notamment la restauration des sols traumatisés par les chantiers. La société a d’ailleurs acquis la conviction, après deux ans de recherche et développement en mésocosme puis en mode expérimental in situ, que l’introduction de vers de terre permet de récupérer deux années de traumatisme des sols, a priori en restaurant ses capacités d’infiltration. Le stockage à la parcelle fait aussi l’objet d’une réflexion. Outre l’accompagnement des acteurs, Infra Services a développé des produits économiques et durables de gestion de surface comme ses fameuses échelles d’eau. Il s’agit de bacs sans fond qui s’installent au pied des haies, assurant une infiltration horizontale à faible profondeur et à ciel ouvert. La solution se révèle contrôlable, évolutive et plus favorable à la pérennité de la ressource que des ouvrages de stockage dont les coûts de maintenance sont à la charge des collectivités territoriales.