Alors que l’UFC-Que choisir vient de publier les résultats d’une étude alarmante sur l’état des ressources en eau françaises, l’AFB met à disposition des documents en ligne : référentiels cartographiques, guides, outils de modélisation et de gestion, ou encore indicateurs hydrologiques.
L’Agence française pour la biodiversité (AFB) a publié le 16 octobre 2017, des pages web regroupant des outils pour la mise en place d’une gestion équilibrée de la ressource en eau, en France métropolitaine et en Outre-mer. « Ces pages regroupent les principaux résultats des travaux accompagnés par l’Agence, et référencent également un grand nombre de ressources externes, afin d’apporter une vision globale sur la gestion quantitative de la ressource et les outils disponibles », explique l’AFB sur son site. Bureaux d’études, gestionnaires des milieux aquatiques, universitaires, collectivités, services de l’État, voient donc ces documents mis à leur disposition. Ces documents sont présentés en trois volets ; « connaître la ressource disponible », « connaître les prélèvements et leurs impacts », « gérer et préserver la ressource ».
Une gestion compatible avec le changement climatique
Pour chaque volet, des référentiels cartographiques, résultats de recherches, indicateurs hydrologiques guides et outils de modélisation ou de gestion sont regroupés et développés par l’AFB. « Les prélèvements sur la ressource en eau ou les actions de stockage-déstockage dans des retenues peuvent conduire à des modifications importantes du débit des cours d’eau ou du niveau des nappes et impacter le fonctionnement des milieux aquatiques », rappelle l’AFB, surtout en été où les nappes phréatiques sont plus sollicitées. « Sur les cours d’eau d’altitude à influence nivale, la période de tension a lieu surtout pendant la période de basses eaux en hiver », précise l’Agence. L’organisme souligne toutefois que « les besoins des milieux aquatiques en période de hautes eaux doivent également être pris en compte », en raison des variations entre périodes de faibles débits et d’autres de crues sur les rivières. Ces pages-guide ont donc pour but de répondre au mieux à ces enjeux, avec une gestion qui « vise à rendre le niveau des prélèvements pour les usages de l’eau compatibles avec le bon fonctionnement des milieux aquatiques, en prenant notamment en compte les adaptations nécessaires au changement climatique », conclut l’AFB.
L’UFC-Que Choisir alerte sur les conséquences de l’agriculture intensive
Alors que les Etats généraux de l’alimentation se poursuivent, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, a établi un bilan des conséquences de « l’agriculture productiviste » sur la ressource aquatique. Selon l’étude publiée par l’association, « les pesticides sont désormais massivement présents et dépassent la norme définie pour l’eau potable, dans les cours d’eau de la moitié du territoire français et dans le tiers des nappes phréatiques. » Par exemple, plus de 40 mg/l de nitrates ont été retrouvés dans les nappes phréatiques françaises, ce qui représente une augmentation de 50 % entre 1996 et le début des années 2010 : désormais, « 43 % des nappes désormais dépassent la valeur guide européenne », assène l’UFC-Que Choisir. Cette étude pointe la responsabilité du secteur agricole, qui d’après les cartes de restrictions d’eau de l’été 2017, a tout de même continué d’irriguer les sols malgré les situations de crise déclarées.
L’UFC-Que Choisir relève également que l’utilisation des pesticides a augmenté de 18 % en cinq ans, et que l’irrigation s’est « particulièrement développée dans les zones les plus touchées par les restrictions d’utilisation d’eau : le Sud-Ouest, la Côte Atlantique, le Val de Loire, le Centre, la vallée du Rhône, aggravant encore la pénurie d’eau. » Pour l’association, le principe « préleveur-pollueur-payeur » doit être strictement appliqué. En effet, l’étude rappelle que les consommateurs « payent 88 % de la redevance "pollutions" et 70 % de la redevance "prélèvement", soit 1,9 milliard d’euros par an », et souligne que « l’agriculture, pourtant responsable à elle seule de 70 % des pollutions en pesticides, de 75 % des pollutions en nitrates et de la moitié des consommations nettes en eau, ne paie que la plus faible partie de ces sommes (7 % de la redevance "pollutions" et 4 % de la redevance "prélèvement"). » Enfin, l’UFC-Que Choisir relève « la goutte de trop » annoncée dans le PLF2018, à savoir la hausse des ponctions de l’État sur le budget des agences de l’eau.