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Lutter contre les micropolluants, une mission collective

PUBLIÉ LE 6 DÉCEMBRE 2019
VÉRONICA VELEZ
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Lutter contre les micropolluants, une mission collective
L’évolution des stratégies visant à réduire à la source les rejets de micropolluants dans l’eau, et les perspectives de recherche et d’actions en la matière, étaient au menu de la 7e Conférence « Eau et santé », organisée par le Graie, à Lyon, en novembre dernier. Au cœur des débats : la pollution liée aux pratiques de soins.

Partenaire de l’événement, la métropole de Lyon a entrepris des actions pour protéger ses ressources, suivre les traces de micropolluants dans l’eau et participer aux projets de recherche et d’innovation sur ce sujet. Avec 250.000 m3 d’eau distribués par jour à ses 1,3 million d’habitants, la métropole réalise plus de 300.000 mesures par an pour un budget annuel de 700.000 euros. « Au global, la conformité bactériologique atteint 99,9 % et la conformité physico-chimique 100 %. Les résultats attestent de la qualité de notre système de production et de distribution, tout au long des 4.000 km de réseaux d’eau potable », explique Jean-Paul Colin, vice-président de la Métropole de Lyon et maire d’Albigny-sur-Saône (Rhône).

Par ailleurs, la métropole réalise chaque année une enquête de satisfaction auprès de 1.000 abonnés. La dernière a fait état d’un taux de satisfaction du service de 90 %. « Cela dit, a pointé l’élu, l’étude révèle que 13 % des usagers n’ont pas complètement confiance en l’eau du robinet et que 2 % sont soucieux de la pollution par micropolluants, et ceci, même pour l’eau en bouteille. »

Plus de 300.000 mesures par an

La Métropole a mis en place plusieurs dispositifs visant à protéger la qualité de la ressource principale et des ressources annexes, avec notamment des périmètres de protection associés à des servitudes qui interdisent certaines activités pouvant nuire au milieu naturel. Ainsi, autour de Crépieux-Charmy, par exemple, la zone de protection des captages couvre 63 km² (soit 1,3 fois la superficie de la ville de Lyon). Deux stations d’alerte sont également installées sur le Rhône, afin de détecter une pollution en temps réel. « Depuis 2013, la métropole mène un programme agricole avec 70 agriculteurs volontaires qui ont choisi d’améliorer leurs pratiques en réduisant l’usage des produits phytosanitaires et l’apport d’engrais, et en prenant en compte la biodiversité », poursuit Jean-Paul Colin.

La Métropole et son délégataire, Eau du Grand Lyon, partagent les mêmes objectifs : détecter la présence de micropolluants et partager l’état des connaissances. Ainsi, le contrat de délégation de service public, géré par Veolia, prévoit un suivi annuel de l’eau, avec 79 points de mesure, trois types d’essais analytiques, dont un test d’indicateur biologique. Les méthodes traditionnelles en laboratoire sont également utilisées pour la recherche de 47 polluants, tels que les antibiotiques ou les anti-inflammatoires. Les résultats obtenus montrent à chaque fois de très faibles traces de certains de ces composés. « La Métropole s’est engagée dans ce suivi et y consacre 80.000 euros par an, précise Jean-Paul Colin. Côté assainissement, un pilote permet de traiter une partie des eaux usées de la station d’épuration de Saint-Fons : il s’agit du dispositif Carboplus, qui sera évalué à l’issue de cette expérimentation. »

Les micropolluants, une question « compliquée »

Pour Laurent Roy, directeur de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, la question des micropolluants reste compliquée, « parce qu’on parle d’une multitude de molécules, d’origine très diverse et souvent très diffuses. Il est donc très difficile de connaître et de suivre la contamination par le milieu, à la fois pour déterminer les effets biologiques et sanitaires et les moyens d’actions ».

Dans son programme d’intervention lancé début 2019, la lutte contre les pollutions diffuses liées aux substances chimiques est l’un des principaux axes de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. « Plus largement, nous essayons d’en tenir compte dans le cadre de l’élaboration du nouveau schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) pour 2021 », a rappelé Laurent Roy. Le comité de bassin a pour cela constitué trois groupes sur les grandes thématiques qui lui paraissaient les plus importantes à approfondir, parmi lesquelles figure la pollution par les substances.

La connaissance, un sujet majeur

« Sur ces questions, le sujet majeur est celui de la connaissance. La sensibilisation du public, portée par l’observatoire du site pilote de Bellecombe, le Sipibel (1), est aussi un aspect à prendre en compte, car la science passe aussi par cette étape lorsqu’il s’agit de faire de la prévention », fait encore savoir le directeur de l’agence de l’eau RMC. Désormais, la pollution n’est plus seulement concentrée dans les hôpitaux, du fait du développement de pratiques ambulatoires : le curseur va alors de plus en plus se déplacer. « Pour cela, il est important d’avoir une approche plus diffuse, liée aux comportements individuels », rappelle le directeur. « Enfin, troisième point, a conclu Laurent Roy, il nous faut trouver les modes d’actions, ce sur quoi les financements de l’agence de l’eau peuvent être les plus efficaces. »


1. La 7e édition de la conférence "Eau et santé" s’appuie fortement sur la dynamique régionale engagée autour du site pilote de Bellecombe, Sipibel, sur les effluents hospitaliers et stations d’épuration, qui mobilise un collectif de scientifiques, de collectivités, un centre hospitalier et des partenaires, autour de la question des micropolluants dans l’eau liée aux activités de soin.
 
DR
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