Dans le contexte de crise sanitaire et de relance économique, la Fédération des entreprises de l’eau (FP2E) appelle les pouvoirs publics à renforcer les investissements en faveur de l’eau.
« Nous appelons de nos vœux, une relance qui mette le secteur de l’eau en haut des priorités et des investissements », a martelé ce mardi 23 juin le président de la Fédération des entreprises de l’eau (FP2E), Frédéric Van Heems. Une relance « encore plus vigoureuse des projets, qui vont, de plus, créer des emplois locaux non-localisables », ajoute-t-il.
Pendant la crise sanitaire liée au Covid-19 et le confinement qu’elle a imposé, les entreprises de l’eau et de l’assainissement ont été obligées de s’adapter afin de garantir la poursuite des activités et services. « Le secteur et les entreprises de l’eau ont quand même été fortement heurtées par la crise », explique Frédéric Van Heems. « La paralysie des acteurs du tertiaire et industriels a provoqué une légère baisse des volumes d’eau à traiter, l’arrêt des chantiers de construction a également impacté nos activité, ainsi que le report du second tour des élections municipales, qui a paralysé un certain nombre de procédures », précise-t-il.
Sept propositions pour orienter les investissements
Pour la FP2E, cette crise sanitaire, suivie d’une crise économique et sociale, doit « être l’occasion de consolider le principe de "l’eau paie l’eau" instauré par la loi de 1964 ». « La crise du Covid prouve que les questions environnementales, de gestion de la ressource et de résilience face aux changements climatiques, sont des enjeux majeurs dont la prise de conscience n’a jamais été aussi élevée », souligne le président de la Fédération.
Ainsi, la FP2E formule sept propositions « pour accélérer la transformation écologique et orienter les indispensables investissements vers une relance verte et inclusive ». Pour les professionnels du secteur, il faut « sécuriser l’approvisionnement en eau potable par le doublement du taux de renouvellement des réseaux et par la digitalisation de leur pilotage ». La digitalisation permettra également de « responsabiliser l’usager consommateur », estime Frédéric Van Heems. La Fédération considère par ailleurs qu’il est urgent d’accroître la réutilisation des eaux usées pour atteindre 10% de REUT en France. Le renforcement de la protection des captages d’eau et le traitement des micropolluants est également souhaité par la Fédération, qui insiste aussi sur la généralisation de l’hygiénisation des boues d’épuration. Pour rappel, le 2 avril dernier, en pleine crise sanitaire, l’Anses a publié une circulaire interdisant l’épandage direct des boues non hygiénisées, ce qui a obligé certaines stations d’épuration à les stocker ou à les transporter pour qu’elles soient traitées sur un autre site.
« Cette crise doit être une opportunité »
« Les investissements dans les stations d’épuration doivent de manière générale être intensifiés, pour en améliorer encore le traitement et les rejets », souligne le président de la Fédération. Cette dernière souligne par ailleurs l’importace de la surveillance des eaux de baignade et encourage également le développement de la méthanisation des boues d’épuration.
Enfin, la FP2E insiste sur l’urgence de « doper l’action des agences de l’eau pendant le plan de relance et après » et préconise notamment la création d’un « fonds Aquae spécial relance ». Frédéric Van Heems détaille : « Il faut réviser le plafond mordant et flécher vers les agences le financement issu du Green Deal européen. » Le renforcement du pouvoir des agences de l’eau permettrait en outre de « responsabiliser les acteurs locaux », estime le président de la FP2E.