Géraud de Saint-Exupéry, PDG de Xylem France, salue les plans d’investissement prévus par les Assises de l’Eau et France Relance, mais s’inquiète de ne pas percevoir les effets de ces investissements sur le terrain. Il appelle les collectivités et les acteurs de l’eau à coopérer pour contribuer à la relance du secteur.
En réponse à la pandémie de Covid-19, et à la crise économique qui en découle, le Gouvernement français a lancé début septembre France Relance, vaste plan de relance et de reconstruction, pour « reprendre notre destin en main et construire la France de 2030 ». À la clé ? 100 milliards d’euros, dont 40 milliards issus de financements de l’Union européenne, injectés dans l’économie et devant, par là-même, contribuer à « accélérer la conversion écologique de notre tissu productif ».
Des aides fléchées en 3 catégories (écologie/cohésion/compétitivité), et une centaine de mesures, couvrant des problématiques variées. Dans le volet écologie-biodiversité, 220 millions d’euros seront ainsi affectés vers l’eau pour « sécuriser les infrastructures de distribution d’eau potable, d’assainissement et de gestion des eaux pluviales en métropole et dans les outre-mer ».
Une somme conséquente, qui démontre l’appui du Gouvernement à notre filière, mais est-ce suffisant pour se réjouir ?
L’annonce de ce plan s’inscrit dans la continuité des engagements pris par les pouvoirs publics lors des Assises de l’Eau, pour relancer les investissements dans ce secteur. Rappelons qu’en France aujourd’hui, le rendement moyen du réseau d’eau potable est de 79,6%, c’est-à-dire qu’en raison de la vétusté du réseau, 1 litre d’eau potable sur 5 en moyenne se perd quelque part dans les 850.000 kilomètres de nos réseaux d’eau et n’arrive jamais jusqu’au robinet de l’usager !
C’est pour résoudre ce non-sens économique et environnemental que la 1ère séquence des Assises de l’Eau, en 2018, prévoyait déjà 41 milliards d’euros d’investissement sur la période 2019-2024 pour « réduire les fuites d’eau et améliorer la gestion des réseaux, tout en assurant une distribution d’eau de qualité en France ».
On pourrait donc a priori se réjouir de voir cette volonté d’investissement confirmée, et même renforcée, par le plan de relance. D’autant plus que ces aides apporteraient par ailleurs un soutien essentiel à la filière des Travaux Publics et du Bâtiment, très fortement impactée par la crise actuelle.
Mais force est de constater que, sur le terrain, les projets de rénovation des réseaux restent timides, avec plus de 30% de baisse des appels d’offres publics depuis le début de l’année. Et les indicateurs actuellement disponibles rendent les acteurs de la filière assez pessimistes sur la perspective d’une reprise rapide, si l’on écarte le sursaut de la rentrée de septembre, pour beaucoup davantage lié à un effet de rattrapage des chantiers non effectués pendant le confinement, qu’à une véritable dynamique de reprise.
Dans ce contexte de forte incertitude, nous avons donc plus que jamais une carte à jouer, nous, les acteurs de l’eau (fournisseurs de technologies, canalisateurs, entreprises des TP…) pour convaincre les collectivités sur tout le territoire national d’engager, en s’appuyant sur ce plan de relance, des projets ambitieux de rénovation de leurs réseaux d’eau.
Des projets qui devront être pensés dans leur ensemble, de la prévention à la réparation, et notamment un meilleur diagnostic des réseaux existants afin de s’assurer que les kilomètres qui seront remplacés répondent bien aux deux enjeux clés de ce plan : participer à la relance économique du secteur, tout en augmentant de manière significative le rendement et donc la performance environnementale des réseaux d’eau en France.