Une étude menée sur 25 ans par le CNRS et publiée dans la revue Nature Communications fait état d’une tendance dans l’océan Antarctique : la surface se refroidit, mais les profondeurs se réchauffent.
C’est le léger refroidissement qui cache le réchauffement. Une étude du CNRS, du CNES, de l’IRD, de Sorbonne Université, de l’Université Toulouse III, avec le soutien de l’IPEV, montre que l’océan Antarctique se refroidit légèrement à la surface, mais que cette tendance cache un réchauffement rapide et marqué des eaux jusqu’à 800 mètres en profondeur. « Notre étude sur 25 ans [menée à bord d’un brise-glace, NDLR] confirme deux menaces majeures (un réchauffement significatif et la formation de hauts-fonds dans les eaux profondes de la Haute Circumpolaire) qui pourraient accentuer la fonte de la plate-forme de glace en aval, avec des impacts potentiels dramatiques pour le futur niveau global de la mer. »
Remontée d’eaux chaudes
Selon les auteurs de la publication, si l’eau à la surface se refroidit de 0,07°C par décennie, les eaux en profondeur gagnent 0,04°C sur la même période. Plus préoccupant, ces eaux remontent de 39 mètres par décennie, soit entre trois et dix fois plus que les estimations des études antérieures. Ce qui pourrait avoir des conséquences sur la fonte des glaciers dans les années à venir, et donc sur le niveau de la mer. Le réchauffement le plus important (entre 0,4°C et 0,8°C par décennie) a été observé à l’extrémité nord de la section observée, vers les eaux subtropicales ; « en revanche, à l’extrémité sud de la section, une tendance au refroidissement de -0,1 à -0,3 °C par décennie est observée dans la masse d’eau la plus froide de la région, qui s’étend de la surface à environ 200 mètres », observent les scientifiques.
Mais l’un des résultats les plus importants de l’étude s’observe dans l’eau profonde circumpolaire supérieure (entre -250 mètres et -800 mètres). « Cette masse d’eau se trouve directement sous la couche de surface et s’écoule principalement vers l’est, alimentant le bassin du Pacifique, où une augmentation majeure de la fonte basale a été identifiée depuis longtemps plus en aval. De plus, nous notons que certaines des masses d’eau à l’extrémité sud de la section […] pourraient faire partie d’un gyre cyclonique australo-antarctique [un tourbillon d’eau formé par un ensemble de courants marins, NDLR], avec une influence directe sur les bassins de Wilkes qui a récemment été montré comme étant associé à une importante perte de masse de nombreux glaciers de cette région », indiquent les auteurs de l’étude.