90 % des zones surveillées sont stables. Crédits : Adobe Stock
Selon le rapport de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) et l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, la contamination chimique au littoral méditerranéen français est stable et 90 % des points surveillés présentent des niveaux de contamination inférieurs aux seuils réglementaires environnementaux. Mais la vigilance est toujours de rigueur !
L’Ifremer et l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse tirent le bilan de 20 ans de surveillance des eaux côtières françaises de la Méditerranée et les conclusions sont plutôt rassurantes ! Selon le décryptage des deux partenaires publié dans « 20 ans de suivi de la contamination chimique des eaux côtières méditerranéennes. Résultats & perspectives », le niveau de contamination chimique est particulièrement bas dans 90 % des points suivis.
Cette stabilité est le fruit d’une forte surveillance assurée par les équipes de scientifiques qui mènent des travaux d’analyse réguliers. « Le littoral méditerranéen français est l’un des mieux surveillés d’Europe au titre des substances chimiques », note François Houllier, président-directeur général de l’Ifremer.
Malgré ces bons résultats, l’alerte est toujours lancée puisque les degrés de contamination chimique peuvent augmenter dans ces zones, comme l’explique François Houllier : « Aujourd’hui, les voyants sont plutôt au vert mais des points de vigilance persistent et de nouvelles pollutions émergent. Nous maintenons donc notre cap commun pour préserver la Méditerranée et l’élever au rang de mer exemplaire. »
10 % ont des niveaux de contamination élevé
Par ailleurs, l’analyse indique que 10 % des zones situées au niveau des métropoles régionales comme Marseille, Toulon, Nice, Villefranche et Bonifacio, présentent des contaminations élevés, dépassant dans certains cas les seuils réglementaires environnementaux dans les sédiments.
La concentration de ces contaminations telles que le plomb et les hydrocarbures (hydrocarbures polycycliques - HAP), présente dans les zones urbanisées est corrélée aux activités humaines (circulation automobile, activité portuaire, ou encore raffinerie). D’autre part, les fortes concentrations en nickel seraient liées au contexte historique local comme celles observées au Cap Corse, « héritage de l’ancienne mine d’amiante de Canari ».
Libérés dans le milieu marin, ces contaminants chimiques pourraient avoir des externalités négatives sur la biodiversité. C’est notamment le cas du mercure et PCB (polychlorobiphényles), ce « duo problématique » a la capacité de s’accumuler durablement dans la chaîne alimentaire. « Plus de 65 % des roussettes pêchées à la côte et 85 % des sébastes prélevés au large présentent des niveaux de mercure supérieurs au seuil réglementaire sanitaire », fait savoir le rapport.
Quant aux PCB, ces substances présentes des valeurs élevées près des secteurs de Fos, de Marseille et dans la rade de Toulon. « Les poissons du Golfe du Lion – notamment le rouget et le merlu en zone côtière - sont aussi plus affectés par ces polluants persistants que leurs congénères de Corse ».
Une récente campagne de surveillance
Les scientifiques poursuivent la surveillance de ces zones sujettes aux contaminations chimiques. Ces derniers ont traqué pendant la dernière campagne SuchiMed, 65 substances grâce à des stations artificielles de moules placées sur 70 points situés en mer et 20 points dans les lagunes méditerranéennes.
Les échantillons récoltés permettront aux scientifiques de la faculté de pharmacie d’Aix-Marseille Université de pister « les molécules anticancéreuses potentiellement accumulées par les moules » et de mieux définir leurs effets sur la biodiversité marine.
Ces travaux pourraient également aboutir au développement de nouveaux filtres d’épuration pour limiter le rejet de ces contaminants chimiques dans l’environnement.