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«Il s’agit d’une nouvelle façon d’aborder la gestion de l’eau»

PUBLIÉ LE 14 JUIN 2022
VM
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«Il s’agit d’une nouvelle façon d’aborder la gestion de l’eau»
Crédit : Saur.
Le groupe Saur et Aquassay nouent un partenariat afin d’apporter leur expertise et leur savoir-faire dans un contexte de changement climatique et de transition hydrique. Entretien entre Edmée Cuisinier, directrice du développement durable chez Saur, et Jean-Emmanuel Gilbert, cofondateur d’Aquassay.
 
Qu’est-ce qui a motivé ce partenariat entre vos deux entreprises?
Jean-Emmanuel Gilbert. Dès 2012, avec Stéphane, mon associé, nous avons été amenés à travailler sur les problèmes de réduction des consommations et des pollutions de l’eau, pour répondre à des enjeux de performance ou de respect de contraintes réglementaires. Puis sont arrivés les premiers impacts concrets du changement climatique et le stress hydrique - c’est-à-dire d’inadéquation entre les usages et la quantité disponible de la ressource. Avec cette raréfaction de l’eau, nous nous heurtons à une réalité matérielle et physique. Quand nous avons commencé à travailler, il y a une dizaine d’années, personne ne comprenait notre démarche, puisque l’eau paraissait inépuisable et très peu coûteuse. Nous avons donc renversé le problème en ciblant avant tout les usages dans nos études. Quelles sont les quantités et qualités nécessaires à chaque utilisation de l’eau? Quels sont les besoins pour la consommation, pour l’industrie et comment peut-on agir pour les réduire? Avec la création d’Aquassay en 2015, nous avons développé une méthode, un savoir-faire et des outils performants, ce qui nous a permis d’identifier les leviers afin de réduire la consommation, les pollutions pour les sites industriels. Puis, il y a environ trois ou quatre ans, nous avons commencé à travailler avec les collectivités. Mais ce marché est très différent. C’est ce qui nous a motivés dans ce rapprochement avec le groupe Saur. Nous apportons nos compétences en gestion hydrique, Saur amène ses applications et son expertise métier en matière de gestion de l’eau au quotidien, sa connaissance des collectivités. Par sa taille et son implication dans la transition hydrique, Saur répond à toutes les problématiques et à notre stratégie. Ce n’est pas seulement un changement de technologies, mais une nouvelle façon d’aborder la gestion de l’eau et de faire évoluer le modèle économique. Il était important que nous soyons en phase avec ces objectifs. La stratégie de gestion de l’eau doit être revue, il n’est plus possible d’utiliser la ressource sans limite, en ajoutant des traitements en amont ou en aval.
 
Edmée Cuisinier. En février dernier, Saur a dévoilé sa feuille de route stratégique à horizon 2030 et sa volonté de mettre l’accent sur l’économie circulaire et la transition hydrique. L’idée est de militer pour rassembler tous les acteurs engagés pour préserver la ressource en eau. Saur a l’ambition de devenir le champion de la transition hydrique. Cette volonté s’illustre à travers nos engagements. Nous nous sommes refinancés en septembre dernier avec des obligations durables, et, parmi les engagements que nous avons pris dans ce cadre, l’un porte sur la préservation en eau avec un objectif de réduction des prélèvements de la ressource de 5% sur une période de 10 ans. Cette mesure est évidemment très forte quand on connaît le business model de Saur. Cet engagement fait aussi partie de notre feuille de route RSE (responsabilité sociale et environnementale). Ce partenariat avec Aquassay est donc très emblématique de notre positionnement et de nos engagements phares en matière de développement durable. Notre ambition est d’accompagner nos clients et les citoyens vers des modèles plus durables et plus résilients d’usage de l’eau. Ces objectifs correspondent en outre à une demande de plus en plus forte et prégnante des collectivités.
 
Comment allez-vous procéder?
EC. Dans un premier temps, il s’agira d’intégrer l’expertise métiers et le savoir-faire d’Aquassay dans les réponses aux appels d’offres des collectivités. Ultérieurement, nous développerons une nouvelle offre qui ciblera la transition hydrique des territoires et nous travaillerons sur les modèles d’affaires, les modèles économiques de gestion de l’eau.
 
JEG. Aujourd’hui, les appels d’offres n’incluent pratiquement jamais la problématique du stress hydrique. Nous répondons donc aux besoins de la collectivité de façon classique, mais en ajoutant notre approche novatrice. A terme, ces  appels d’offres évolueront et intégreront cette notion. De nouveaux modèles de gestion de l’eau doivent émerger. C’est un métier à réinventer et les collectivités et leurs partenaires privés vont prendre en compte cette nouvelle donne et adapter leurs relations.
 
Avez-vous des exemples des outils que vous proposez?
JEG. L’idée est de mettre en adéquation la ressource disponible avec les quantité et qualité requises par les utilisateurs. En établissant des cartographies fines des usages de l’eau à différentes échelles (site industriel, ville, territoire), il est possible de mettre en place toute une série d’actions adaptées à chacun des usages : procédés sobres, tri sélectif, substitution de produits chimiques, ReUse…). Par exemple, dans une ville, il y a des centres commerciaux, des hôpitaux, des bâtiments publics, des centres aquatiques… Des usages très différents coexistent alors, qu’in fine, tout le monde bénéficie de  la même qualité d’eau. Ce système centralisé produit de la surqualité, de la surconsommation et ne cible pas toujours les besoins réels. En outre, il ne prend quasiment pas en compte les eaux pluviales, les eaux usées. L’idée est de s’orienter vers une gestion de l’eau multi-ressources, multi-qualité, décentralisée et en partie circulaire avec une meilleure adéquation entre qualité – quantité. C’est un véritable changement d’approche. Pour les collectivités, il s’agit de comprendre les différentes destinations de l’eau. Un autre levier est la performance des installations de traitement et de distribution d’eau avec de nouvelles solutions qui, par exemple, utilisent l’analyse de données en temps réels dans une approche systémique.
 
EC. Aujourd’hui, on commence à adresser les usages. Il faut être capable de suivre la chaîne de valeur dans cette approche systémique et notamment la performance des infrastructures. Mais la compréhension et l’appréhension des usages sont au cœur des enjeux de la transition hydrique. C’est une demande très forte des collectivités, en particulier celles frappées par la raréfaction de la ressource. Les notions d’efficacité et de gestion raisonnée sont au cœur des réflexions. Rassembler les différents intervenants au niveau de la notion de préservation de l’eau est fondamental, car on ne peut pas établir de constat sur les usages de l’eau sans y associer tous les acteurs. Aujourd’hui, il y a une demande forte en faveur d’un engagement sur l’économie de la ressource.
 
 
Comment envisagez-vous l’apport de chaque entité?
JEG. Saur dispose d’une envergure lui permettant d’influer sur son écosystème et de porter un tel changement à grande échelle.. Et Saur a de plus l’avantage d’offrir une structure interne très légère. Ce qui est important car, en tant qu’entreprise innovante, notre structure est très réactive. Le monde de l’eau «open bar» est terminé et la gestion de l’eau doit évoluer de façon très importante. Nous sommes en phase avec nos valeurs et nos engagements à travers ce partenariat.

EC. Aquassay a une capacité de structuration très rapide. C’est aussi un apport intellectuel en termes de méthodologies, d’expertise que nous pouvons déployer sur nos offres. Les valeurs que nous partageons ne sont pas encore si répandues. Le concept de sobriété doit s’appliquer aussi et, dès maintenant, à l’eau.
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