Usine de production d’eau potable du Pecq-Croissy. Crédits : Suez
Aquavesc et Sénéo lancent une association qui vise à se réapproprier l’outil industriel de production de l’eau. Première étape du projet : le rachat des usines du groupe Suez afin d’assurer la durabilité du service rendu.
Les services publics de l’eau ne s’occupent que des phases d’exploitation et de distribution de l’eau produite, ne détenant pas la compétence de gestion environnementale de l’eau brute. Partant de ce constat, l’établissement territorial chargé de la production et la distribution de l’eau potable, Aquavesc, et le deuxième syndicat producteur et distributeur d’eau potable de France, Sénéo, ont décidé de prendre les choses en main en lançant une initiative innovante et ambitieuse pour protéger la ressource à l’ouest de Paris avec la mise en place d’une gouvernance publique des actifs industriels de production d’eau.
Après la deuxième guerre mondiale, de nombreux actifs de production ont été développés par des acteurs privés en Île-de-France. « Tout cela a créé une relation avec un fournisseur unique qui est le seul maître du prix et dont nous ne pouvons que difficilement nous désengager. Il est donc particulièrement nécessaire, aujourd’hui, de se réapproprier cet outil industriel majeur », indique Josiane Fischer, présidente de Sénéo. Dans l’Ouest parisien, les ressources en eau appartiennent majoritairement au groupe Suez qui dispose de deux champs captant et de trois usines, interconnectées entre elles grâce à un réseau de transport de 50 km, à cheval sur les départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine.
Pour sortir de cette dépendance vis-à-vis d’un fournisseur unique, Aquavesc et Sénéo ont ainsi créé une association qui leur permettra d’« étudier toutes les options leur permettant d’intégrer la préservation de la ressource à leur politique de distribution d’eau potable, dont le rachat des usines Suez ». En maîtrisant les actifs industriels de production d’eau de Suez sur l’ouest parisien, cette association pourra assurer la production d’eau de qualité pour tous à un coût acceptable et financé à long terme, accompagner le changement des pratiques agricoles dans ces zones et proposer des débouchés économiques supplémentaires aux exploitants agricoles. Avec la mise en place de cette gouvernance publique « nous gagnerons alors les moyens d’avoir une vision stratégique à moyen et à long terme, tout en maîtrisant le modèle économique de la production d’eau à grande échelle et en sécurisant les capacités de transferts d’eau entre acteurs publics », conclut Erik Linquier, président d’Aquavesc.