Desséché par une sécheresse prolongée qui dure depuis 6 ans, le Maroc renaît sous d’exceptionnelles pluies de mars. Alors que la saison 2024/2025 prédisait un déficit pluviométrique de 60% à fin janvier, selon les données publiées par le ministère de l’Equipement et de l’Eau, le niveau de remplissage des barrages du Maroc, au dimanche 16 mars 2025, s’élève à 34,8%, soit un volume de réserves de plus de 5.861 millions de m3, contre 26,6% à la même période en 2024. "Ce taux marque ainsi une hausse de 8,2% (1.568 millions de m3) en comparaison avec la même période de l’année dernière (4.293,72 millions de m3 - 26,6%)", note Le Matin.
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"Le niveau de remplissage actuel devrait nous permettre de passer l’été sans coupures d’eau chroniques comme à l’été 2024 quand des villes comme Settat et Beni Mellal avaient passé plusieurs jours sans eau potable", indique Ali Hatimy, président co-fondateur de Nechfate, premier média marocain de vulgarisation du changement climatique, et chef de projet à l’ONG Nitidae.
L’agriculture en profite
La situation s’améliore sensiblement également dans l’agriculture marocaine dont la campagne céréalière s’annonçait catastrophique. En 2024, pour rappel, le Maroc avait enregistré l’une de ses pires récoltes céréalières depuis l’indépendance. "Les dernières pluies éviteront de reproduire ce scénario même si la récolte 2025 devrait être basse", commente Ali Hatimy. Les pâturages reprenant de la vigueur, le Maroc peut espérer relancer l’élevage qui accuse une perte de 40% de son cheptel depuis 2021, "soit son niveau du début des années 1970".
Moins d’avocats
Les bonnes nouvelles sont là mais ne doivent pour autant pas occulter la réalité : 2025 reste une année de sécheresse "puisque la saison des pluies 2024/2025 affiche au 15 mars un déficit de pluviométrie de 40% par rapport à la moyenne de 1980-2010", rappelle le co-fondateur de Nechfate. Comprenez le pays manque toujours d’eau. Les barrages restent à un niveau très bas et l’agriculture ne s’est pas encore relevée. Si ces pluies de mars sauvent la situation dans l’immédiat, il faudra plusieurs années de pluviométries correctes pour que les eaux souterraines remontent de façon significative alors que leur surexploitation, "destinée à l’irrigation de cultures d’exportation, atteint 3 à 4 milliards de mètres cubes, soit le volume annuel du premier fleuve du Maroc en termes de débit, le Sebou".