Vous connaissez sûrement mieux l'eau-de-vie de poire que les « prestations viniques ». La distillerie de Thouarcé, dans le Maine-et-Loire, intervient sur les deux chapitres. Elle fabrique le fameux breuvage, mais traite aussi des sous-produits que lui livrent un millier de viticulteurs : 26 000 t de marcs et 30 000 hl de lies chaque année, qu'elle transforme en vinasse de distillation. Jusqu'à présent, cet effluent, riche en matière organique, était épandu. Mais la mauvaise image liée aux odeurs à l'épandage et à la circulation des camions compromettait de plus en plus cet exutoire. Pour rompre avec cette pratique, la distillerie a étudié, à partir de 2003, plusieurs filières alternatives pour retenir la méthanisation en 2006. Après deux ans de travaux, la station de traitement vient d'être inaugurée. Après dégrillage, les vinasses rejoignent un digesteur de 6 500 m3. Le biogaz récupéré est utilisé en alternance avec le fuel pour alimenter la distillerie en énergie. Au passage, la charge polluante diminue de 80 %, puis de 99 % après passage en lagune. La DCO passe de 68 à 1 g/l et la DBO5 de 34 à 0,5 g/l. L'eau rejoint alors le milieu naturel. L'investissement de 2,7 millions d'euros a été subventionné à 30 % par l'agence de l'eau. L'opération devrait être amortie sur sept à dix ans, grâce aux économies sur l'épandage (suivi, produits chimiques, etc.) et aux 300 tonnes de fuel économisées, d'un coût d'environ 90 000 euros par an.