Trop coûteux pour être cultivé en France, le ginseng a trouvé son équilibre économique grâce au photovoltaïque. C'est en tout cas le pari de France Ginseng, qui cherchait à cultiver cette plante médicinale à haute valeur ajoutée - aujourd'hui importée d'Asie - dans le sud du pays, selon les préceptes de l'agriculture raisonnée, avec une traçabilité à la clé. « Le coût des structures d'ombrage nécessaires à la croissance de la plante est rédhibitoire pour les producteurs, explique Guy Delrieu, président de l'entreprise créée en mars 2009. Et le cycle de développement de quatre ans de cette racine impose un besoin en fonds de roulement de 48 000 euros par hectare, également inaccessible. » La solution : associer culture et photovoltaïque, les panneaux prodiguant à la fois l'ombre recherchée et un complément de revenu rendant l'opération rentable. France Ginseng compte justement parmi ses associés le dirigeant de Solveo Énergie, développeur de projets photovoltaïques, qui a installé la centrale en plein champ de 4,3 MWc et 32 000 m2, adaptée à la circulation d'engins agricoles. « Nous respectons des normes du bâtiment, qui se traduisent par un surcoût de 15 à 20 %, reprend Guy Delrieu. L'investissement de 22,5 millions d'euros devrait être rentabilisé en seize ans. » Située à Seysses (31) au sud-ouest de Toulouse, la première exploitation s'étend sur plus de 3 ha, mais l'entreprise, appuyée par le pôle de compétitivité régionale Agrimip Innovation, voit plus grand : elle projette de bâtir une filière grâce à 50 hectares répartis sur huit à dix sites afin « de sécuriser la production et diversifier les terroirs ». Plusieurs projets sont déjà à l'étude et le prochain est déjà en chantier dans les Landes. Recherché par l'industrie pharmaceutique et cosmétique, le ginseng représente, selon l'entreprise, « un marché de 2 millions d'euros pour la France et 14 millions pour l'Europe ».