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ÉNERGIE

[Tribune] Chaleur renouvelable : optimiser, diversifier… C’est gagner !

PUBLIÉ LE 23 JUILLET 2018
FLORENCE LIEVYN, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE COÉNOVE
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[Tribune] Chaleur renouvelable : optimiser, diversifier… C’est gagner !
Cette semaine, Florence Lievyn, déléguée générale de l’association Coénove, revient sur les leviers de développement de la chaleur renouvelable. Pour elle « deux voies complémentaires s’ouvrent (...) : celle des réseaux de chaleur urbain et leur verdissement par le recours à la biomasse et les réseaux de gaz au travers des garanties d’origine biométhane ».

Si la France a montré toute son ambition en matière de lutte contre le changement climatique à l’occasion de l’accord de Paris, le choix de viser haut en matière d’objectifs climatiques était déjà inscrit dans les engagements de notre pays depuis de nombreuses années, et notamment au travers de la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV) de juillet 2015. Le développement de la chaleur renouvelable fait partie de ces objectifs très ambitieux avec une volonté affichée de multiplier par 5 la production d’ici 2030. Mais au-delà de cette ambition louable, comment atteindre cet objectif ?

Rappelons tout d’abord que la chaleur représente 50% de l’énergie finale consommée en France. Secteur clé en termes de consommation et d’émissions de gaz à effet de serre, il est essentiel de le verdir pour viser la neutralité carbone à l’horizon 2050. Mais dans un contexte de finances publiques de plus en plus contraintes, augmenter significativement la chaleur renouvelable ressemble de plus en plus à un défi. Il en est de même pour le fonds chaleur de l’Ademe qui, malgré un appel à son doublement fin 2017 pour permettre la sortie de terre de l’ensemble des projets d’ores et déjà dans la file d’attente, s’est établi à 200 millions d’euros. Conséquence directe : la part dédiée à la méthanisation était déjà soldée en janvier 2018… Si la rallonge de 45 millions annoncée par Sébastien Lecornu courant juin a été accueillie très favorablement, ce ne sera toutefois pas suffisant pour soutenir l’ensemble des projets qui le nécessiterait.

Alors la solution est-elle de revoir l’objectif à la baisse ? Après tout, ce ne serait pas la première fois qu’un objectif de la LTECV n’est pas tenu… Pour autant, plusieurs voies restent à explorer. La première tient dans la nécessaire valorisation patrimoniale de l’existant. Comme beaucoup de choses que l’on ne voit pas, les réseaux, qu’ils soient de chaleur, de gaz, d’assainissement… échappent encore trop souvent à une véritable optimisation. Ce sont pourtant plusieurs milliards d’euros de patrimoine qui ne peuvent rationnellement devenir des actifs échoués de la transition énergétique. Il faut donc que les collectivités locales, propriétaires de ces ouvrages, prennent pleinement conscience de cette richesse, la cartographient et s’appuient sur ce patrimoine, bien souvent amorti, pour réussir la transition à coût maîtrisé.

Pour la chaleur renouvelable, cela se traduit concrètement par le verdissement des réseaux existants via le recours à la biomasse bois ou encore aux garanties d’origine (GO) biométhane. Si cette dernière option offre une solution aisée de verdissement et permet ainsi de viser les 50% d’EnR&R (énergie renouvelable et de récupération) déclenchant le taux réduit de TVA à 5,5%, la question du coût pour les finances publiques doit se poser. En effet, les GO sont à ce jour issues du biométhane produit par des unités de méthanisation qui bénéficient d’un tarif de rachat ; ce tarif de rachat restant soutenu par l’Etat. En outre, la mise en œuvre de réseaux de chaleur bénéficie du soutien du fonds chaleur. Une récente étude menée par Coénove sur l’impact de l’utilisation de garanties d’origine en tête de réseaux de chaleur montre ainsi que le coût pour les finances publiques ramenées à la tonne de CO2 économisées (versus un RCU alimenté en gaz naturel) frôle les 900€ ! Dès lors entre le fond chaleur, le tarif d’achat, la TVA à 5,5% mais également le manque à gagner sur la TICGN…la facture s’envole pour les finances publiques ! Si cette solution de verdissement peut donc s’entendre d’un point de vue écologique, elle ne doit toutefois pas occulter la réalité économique.

En poursuivant le raisonnement sur la rationalisation de l’existant et le nécessaire développement de la chaleur renouvelable, une idée s’impose de fait. Celle de s’appuyer sur des réseaux existants, amortis, desservant plus de 80% de la population française et pourvoyeur de chaleur… Les réseaux de gaz ! En effet, reconnu à juste titre pour ses qualités de cuisson, l’usage principal du gaz et notamment en volume reste bien le chauffage et donc la chaleur. Dès lors et avec le verdissement du gaz apporté dans un premier temps par la méthanisation, et dans les années à venir par la pyrogazéification de la biomasse et le PowerToGas, rien ne s’oppose, bien au contraire, à considérer le réseau de gaz comme un vecteur de chaleur renouvelable ! Ainsi, ce n’est pas une voie, mais bien deux voies complémentaires qui s’ouvrent au développement de la chaleur renouvelable : celle des réseaux de chaleur urbain et leur verdissement par le recours à la biomasse et les réseaux de gaz au travers des garanties d’origine biométhane.

Si la LTECV n’envisageait pas cette option en 2015 dans la mesure où le biométhane n’était pas encore pleinement opérant dans les territoires, la donne a bien changé en quelques années. Et la tendance s’accélère. Avec 56 sites injectant dans les réseaux de gaz fin juin 2018 et 409 projets dans la file d’attente des gestionnaires de réseaux, le gaz vert est une réalité. Le développement de la chaleur renouvelable doit donc s’appuyer sur ce « nouveau vecteur » qui constitue, il est vrai, un certain changement de paradigme par rapport à la logique actuelle qui consistait à circonscrire la production de chaleur renouvelable aux réseaux de chaleur urbain. Mais n’est-ce pas là tout l’intérêt de la transition énergétique ? Casser les codes, rationnaliser, optimiser et faire converger les filières pour atteindre ensemble les objectifs ambitieux que notre pays s’est fixé ? C’est en tout cas notre profonde conviction : atteindre les objectifs de chaleur renouvelable passera par l’optimisation de l’existant et la diversification des moyens de production, parmi lesquels le gaz vert est un contributeur essentiel.
Florence Lievyn, déléguée générale de Coénove / DR
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