Le Syndicat des énergies renouvelables plaide pour un relèvement de l’ambition en matière d’éolien en mer, que le projet de décret sur la PPE relègue à un quasi statu quo.
« Il est certain que le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) va bouger, veut croire Jean-Louis Bal. C’est bien l’électricité renouvelable qui permettra le recul de la part du nucléaire à 50 % en 2035, sans hausse des émissions de CO2 », pose le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Le 14 mai prochain, le SER défendra devant le Conseil supérieur de l’énergie un relèvement des objectifs assignés à l’éolien en mer, qui font pâle figure dans le projet de PPE : entre 4,7 et 5,2 GW de puissance installée en 2028, horizon auquel professionnels et régions maritimes visaient 10 MW. « L’option haute du projet de PPE correspond (…) en grande partie à des volumes déjà attribués et ne reflète pas le potentiel de la filière », déplore le SER dans un communiqué du 16 avril.
Matignon assujettit la hausse des objectifs à la baisse des coûts
« A minima », le syndicat souhaite que soit engagé 1 GW par an de 2019 à 2024, soit deux appels d’offres additionnels entre 2021 et 2022 pour l’éolien posé (2 x 750 MW) et trois appels d’offres supplémentaires pour l’éolien flottant d’ici 2025. Les projets mettant en France six à sept ans à se concrétiser, « le développement doit être pensé dès la première période de la PPE », insiste Jean-Louis Bal.
Cent-vingt députés ont plaidé la cause de l’éolien en mer auprès du Premier ministre, dans un courrier adressé le 3 mars. Jean-Louis Bal ne s’enthousiasme guère de « la réponse de Normand » transmise le 5 avril : Edouard Philippe défend la priorité donnée par la PPE aux filières matures (éolien terrestre, photovoltaïque et chaleur renouvelable) et pointe le coût pour les finances publiques des filières émergentes telles les énergies marines. Pour l’éolien posé, il confirme l’objectif inscrit dans la PPE d’installer, après 2025, 500 MW/an, volume susceptible de réexamen « si la baisse des coûts est plus importante que prévu et permet (…), à l’horizon 2030, des projets sans subvention ».
Le SER appelle à réactiver la taxe carbone
Marion Lettry, déléguée générale adjointe du SER chargée des filières électriques, suggère une réallocation de fonds à coût constant : « Si le projet au large de Dunkerque se réalise à un coût inférieur à la cible de 70 euros/MWh, le gain peut être reporté sur d’autres appels d’offres. » Un MWh ressortant à 60 euros à Dunkerque dégagerait une marge pour financer ailleurs 1 GW de capacité. Sur ce parc, « le coût du MWh sera raisonnable, ce qui en surprendra plus d’un », a affirmé le président de la Commission de régulation de l’énergie, Jean-François Carenco, le 4 avril à l’Assemblée nationale. Sur l’éolien flottant, Matignon déçoit le SER en reportant l’accélération à la seconde phase de la PPE, en vue de mises en service à partir de 2030.
Quelle que soit la teneur finale de la PPE, dont la publication est attendue à la fin de l’été, « on n’atteindra aucun de ses objectifs si on ne rétablit pas la trajectoire croissante de la contribution climat-énergie », presse Jean-Louis Bal.