Cette semaine, Vincent Balès, directeur général wpd offshore France, s’inquiète de l’impact de la crise liée à l’épidémie de Covid 19 sur la filière de l’éolien en mer. Il propose trois mesures afin afin de le limiter et d’accélérer le développement des projets.
La filière éolien en mer souhaite participer activement au plan de relance de l’économie française. Pour cela : accélérons !
Alors que les premiers parcs éoliens en mer français entrevoient le bout du tunnel après dix années de procédures, la crise du Covid-19 risque de fragiliser cette filière stratégique. Elle accuse déjà un fort retard, avec toujours zéro éolienne installée au large de nos côtes ! La crise actuelle représente un nouveau danger pour un secteur qui risque de traverser trois années blanches si rien n’est fait.
Le président de la République a déploré lui-même le retard français il y a quelques mois, lors des Assises nationales de la mer : « Qu’un pays comme le nôtre qui compte près de 20.000 kilomètres de côtes et possède de ce fait un des potentiels les plus importants au monde en la matière ne soit pas aujourd’hui en pointe sur ce domaine est incompréhensible. Il est donc urgent de mettre fin à des années de procédures administratives trop lentes, d’hésitations, de renoncements ». Le développement de l’éolien en mer est directement lié au rythme des appels d’offres engagés par l’Etat. Chaque appel d’offres représente une séquence de procédures administratives s’étalant sur deux à trois années.
Un développement fortement ralenti
La crise actuelle a un impact direct sur les procédures, notamment parce que les débats publics, qui sont la première étape des appels d’offres, sont arrêtés. Cela va fortement allonger le calendrier initialement envisagé, car toute la procédure est alors à l’arrêt. Or la Programmation pluriannuelle de l’énergie, récemment publiée, prévoit que trois à cinq projets de parcs éoliens en mer soient attribués d’ici la fin du quinquennat.
Sans mesures fortes, aucun d’entre eux ne pourrait être attribué dans ces délais ! De tels retards représentent de véritables « trous d’air » pour la filière, à court terme pour les équipes de développement (déjà 2000 emplois aujourd’hui), à moyen terme pour les usines dédiées à l’éolien en mer, implantées sur le littoral français.
Or l’éolien en mer est une filière stratégique, qui en accélérant son développement constituerait un pilier du plan de relance économique. La production électrique nationale est un enjeu de souveraineté, et l’éolien en mer y répond, étant une des sources d’électricité les plus compétitives. La Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit que 5% de l’électricité consommée en France soit produite par cette source renouvelable à l’horizon 2030. En accélérant le rythme des projets, notamment sur la décennie 2030-2040, nous pourrions passer à 20% en 2040, sur une surface représentant seulement 1% de l’espace maritime métropolitain.
De plus, la France dispose d’un outil industriel unique pour cette filière: deux usines à Saint- Nazaire, une à Cherbourg et deux au Havre. De nombreux industriels français ont diversifié leur activité dans cette filière d’avenir « made in France ». La réalisation des six premiers parcs éoliens français va permettre la création de plus de 15.000 emplois et des investissements privés de l’ordre de 15 milliards d’euros.. Enfin, la filière s’inscrit dans l’ambition française et européenne de « Pacte Vert » ou « Green Deal », essentiel pour relancer l’économie pendant cette crise.
Trois propositions
Nous formulons trois propositions pour permettre de limiter l’impact de la crise du Covid-19 sur l’éolien en mer, et permettre à cette filière d’accélérer son développement.
La première est de mobiliser des moyens humains et financiers au sein de l’administration afin d’être en mesure de préparer plusieurs appels d’offres en parallèle, pour viser trois attributions d’appels d’offres d’ici la fin du quinquennat.
La deuxième consiste à simplifier les procédures, pour mener les différentes phases en parallèle (participation du public, études de dérisquage techniques et environnementales, préqualification des candidats...). Et à adapter ces procédures aux territoires, pour éviter de répéter des étapes déjà réalisées. La zone Sud-Atlantique a ainsi déjà bénéficié d’un important travail en amont, elle pourrait prétendre à des procédures allégées.
Enfin, la troisième mesure pour développer cette filière consiste à finaliser la planification spatiale stratégique de l’éolien en mer, en s’appuyant sur les documents stratégiques de façade, afin d’exploiter au mieux notre gisement national et d’éviter de relancer tous les deux ans des exercices de zonage et de concertation.
La filière éolien en mer souhaite participer activement au plan de relance de l’économie française. Pour cela : accélérons !
Vincent Balès, directeur général wpd offshore France / DR