En cas d’un hiver très froid, le déficit hivernal peut atteindre 16 TWh a alerté GRTgaz. Pour ne pas manquer de gaz cet hiver, négaWatt appelle à amorcer la machine de la sobriété. L’association a publié ce mardi une cinquantaine de propositions pour réduire d’au moins 10 % notre consommation d’ici deux ans en ciblant deux secteurs clés : le bâtiment (résidentiel/tertiaire) et le transport. Ces mesures « permettent à court terme d’économiser 13 % de la consommation française. […] L’accent est principalement mis sur le gaz (-20 %) et l’électricité (-17 %), soit pour cette dernière l’équivalent de la production de 12 réacteurs nucléaires », note négaWatt.
La lutte contre les gaspillages énergétiques offre « un potentiel d’action extrêmement rapide et à faible coût pour limiter le risque de pénurie et l’envolée des factures », souligne l’association. Le premier secteur à être concerné par ces mesures est le bâtiment, qui représente 30 % de la consommation d’énergie en France, soit 450 TWh dont 162 TWh d’électricité, 125 TWh de gaz et 50 TWh de produits pétroliers.
La consommation d’énergie par secteurs en France. Les mesures proposées concernent le résidentiel, tertiaire et les transports. Crédit : négaWatt
Sont exclus des propositions suivantes les cas présentant des contraintes spécifiques et pouvant avoir des effets sur les personnes âgées, malades, enfants en bas âge ou encore les ménages ayant une impossibilité technique pour lesquels les mesures ne paraissent pas applicables.
Un logement moins énergivore
Selon le rapport, en agissant sur les situations de gaspillage énergétique 30 % des consommations d’énergie peuvent être économisées dans les secteurs résidentiel d’ici deux ans. Le principal poste d’économie d’énergie est le chauffage dont « les gains effectifs dépendront de la capacité d’entraînement et d’adhésion de la population », commente l’équipe négaWatt.
Les gains potentiels majeurs de réduction portent sur le chauffage. Crédit : négaWatt
La principale mesure serait de respecter la consigne de chauffage des logements à 19°C, qui permettrait d’atteindre un potentiel d’économies estimé à 23,5 TWh. « Abaisser les températures de 1° à 2°C permet d’économiser 8 à 16% des consommations de chauffage », indique-t-on dans le rapport. En adoptant cette mesure, les ménages sont invités à régler leurs thermostats et à se vêtir en tenue vestimentaire chaude adaptée à l’hiver afin d’éviter de surchauffer son intérieur. En cas d’absence durant la journée, il faudrait également penser à abaisser la température de son logement de 2°C par rapport à la consigne de 19°C. L’adoption de cette mesure permet d’économiser 4 à 5 % des consommations de chauffage.
L’isolation joue également son rôle. NégaWatt recommande la pose d’un survitrage ou d’un film isolant permettant d’accroître l’isolation des simples vitrages jusqu’à 25 %. Renforcer l’étanchéité des ouvrants (fenêtres, portes) par la mise en place de bandes de joints autocollants, ou joints silicones permettrait de réduire de 6 % la consommation de chauffage résidentiel.
Pratiques électrodomestiques plus économes
« Les veilles représentent encore 15 % de la consommation d’électricité moyenne d’un logement », rappelle le rapport. Débrancher les appareils allumés inutilement permet un gain d’énergie de 11,4 TWh, soit 14 % de réduction des consommations électrodomestiques. Dans ce cas, l’extinction des box internet et box TV en dehors des heures d’utilisation baisserait de 3 à 4 % la consommation énergétique d’un ménage.
Le rapport recommande également une utilisation plus sobre des appareils. Lancer moins souvent les lave-linge, sèche-linge et lave-vaisselle, mieux les remplir et choisir les programmes les plus sobres réduirait de 3 à 4 % (1.2TWh) les consommations.
Réduction de la vitesse maximale
Le deuxième secteur le plus énergivore en France est le transport qui représente 29 % de la consommation. L’association propose notamment trois mesures qui permettraient d’économiser 16 TWh, soit 3,6 % des consommations annuelles du secteur. Première action : la réduction à 110 km/h sur autoroute et 100 km/h sur voie rapide de la vitesse maximale autorisée qui permet d’épargner 15 TWh d’énergie. L’association recommande également le développement du covoiturage avec le déploiement d’arrêts et des voies réservées à cet effet. Avec cette deuxième mesure les économies s’élèveraient à 2 TWh, soit un tiers des consommations de carburants sur les trajets/lignes concernés.
En outre, la réaffectation des salariés sur un site plus proche de leur domicile permettrait de récupérer 2,2 TWh.
Une économie de 30 % pour le tertiaire
Le secteur tertiaire représente 16 % de la consommation d’énergie en France et ses consommations d’énergie peuvent être réduites de 30 %. Comme pour le bâtiment résidentiel, le respect de la consigne de chauffage à 19°C permet de réduire de 28 % la consommation d’énergie. Son arrêt lors des périodes d’inoccupation des bâtiments génère un gain énergétique estimé à 6,1 TWh.
Autres mesures permettent des économies d’échelle. NégaWatt appelle notamment à l’arrêt de la ventilation en période d’inoccupation dans les zones de bureaux, de vente et d’accueil du public, et les zones sanitaires. « L’économie engendrée par l’arrêt des installations en inoccupation est double : économie d’électricité (arrêt des auxiliaires de ventilation) et économie de chauffage (pertes par renouvellement d’air) », souligne l’association qui chiffre 18 TWh d’économies en cas d’application de cette mesure.
De même pour la climatisation. Le réglage de la consigne à 26°C en occupation engendre des économies estimées à 2,9 TWh, « soit 15 à 20 % de réduction de la consommation liée à la climatisation dans le secteur tertiaire ».
Extinction des panneaux publicitaires
D’après une étude de l’Ademe, les panneaux publicitaires consomment 2 Mwh/an. Leur extinction entre 23 h et 7 h du matin permettrait d’atteindre une économie d’énergie de 110 Gwh, estime négaWatt. Le rapport mise également sur l’extinction de l’éclairage public entre 23 h et 6 h dès cet hiver. Les économies générées grâce à l’arrêt nocturne de l’éclairage sont estimées à 2,5 TWh.
L’éclairage des parkings et des commerces n’échappe pas à l’association. Celle-ci recommande d’optimiser l’éclairage en généralisant les commandes par détection de présence ou les minuteries.