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ÉNERGIE

Tribune | « La crise de l’énergie : ce qui nous attend »

PUBLIÉ LE 1er JUIN 2023
JULIEN TCHERNIA, CO-FONDATEUR ET PDG D'EKWATEUR
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Tribune | « La crise de l’énergie : ce qui nous attend »
Julien Tchernia, co-fondateur et PDG d'Ekwateur. Crédit : Ekwateur
Le 24 février, RTE abaissait de « moyen » à « faible » le risque de tensions sur le réseau électrique pour la fin de l’hiver. Mais de nombreux facteurs montrent que le pire n’est pas passé. Il faudrait augmenter les capacités de production de la France, avance Julien Tchernia, co-fondateur et PDG d’Ekwateur.

Avec l’arrivée de l’été, la menace de tensions sur le réseau électrique français ainsi que la hausse des prix de l’énergie baissent en comparaison à l’automne dernier. Une nouvelle saison qui laisserait penser que le pire est derrière nous. Cependant, la variation des prix depuis le début du mois de mars et la fragilité des marchés prouvent le contraire. La fin de l’année 2023 s’annonce comme étant similaire à 2022 voire plus alarmiste que cette dernière. En effet, le bouclier tarifaire apparaît comme la solution à court terme face à la crise énergétique. Il faudrait augmenter les capacités de production de la France tout en délivrant l’autoconsommation comme potentiel.
 
La crise énergétique française : les origines

Le 24 février, RTE abaissait de « moyen » à « faible » le risque de tensions sur le réseau électrique pour la fin de l’hiver. Pour beaucoup, l’annonce du gestionnaire du réseau de haute et très haute tension signait la fin de la crise énergétique. Un hiver très doux et des français particulièrement économes auront permis d’éviter le pire. Mais les facteurs de cette sortie de crise ne sont que conjoncturels, le problème structurel reste là. Pour le comprendre, il est nécessaire de remonter aux origines de la crise. La hausse des prix de l’électricité a commencé avec la crise du gaz voulue par Poutine, et c’est amplifié avec l’indisponibilité d’un nombre considérable de réacteurs nucléaires liée à des opérations de maintenance, à la pandémie de COVID-19 et à des déboires industriels comme ceux qu’a connus l’EPR de Flamanville. Les fortes sécheresses ont également constitué un facteur déterminant en affaiblissant considérablement la production d’électricité hydraulique ainsi que les capacités de refroidissement des centrales nucléaires. Une situation déjà critique que la guerre en Ukraine et la chute de l’approvisionnement en gaz ont contribué à mettre en lumière.
 
Les premiers mois de l’automne ont ainsi donné lieu à de vastes campagnes de communication visant à prévenir la pénurie en contenant la consommation électrique du pays. Un appel à la responsabilité des consommateurs appuyé par des spots publicitaires, slogans chocs et ministres en cols roulés qui a été dans une certaine mesure couronné de succès. Même en tenant compte des températures particulièrement clémentes, la consommation électrique hexagonale a été relativement faible. Difficile cependant de ne pas attribuer cette sobriété à la hausse prodigieuse des prix et à l’impact global de l’inflation sur le pouvoir d’achat des Français.
 
Le bouclier tarifaire, une solution temporaire à l’inflation

Si aucune coupure intempestive n’a eu lieu, l’impact de la crise se mesure en effet au nombre de particuliers, de professionnels et d’établissements publics dans l’incapacité de payer leurs factures d’énergie. Une évaluation largement biaisée par la principale mesure de contention de l’inflation mise en place par le gouvernement : le bouclier tarifaire. Au 31 février, celui-ci a permis de maintenir la hausse des tarifs réglementés à 15% quand elle aurait pu atteindre 99,22% selon la Commission de Régulation de l’Energie (CRE). Mais à quel prix ! Ce ne sont pas moins de 24 milliards d’euros que l’Etat anticipe de verser à titre de compensation. Un coût que les finances publiques ne pourront supporter à l’échelle de plusieurs années. Pourtant, les factures 2024 pourraient rester très élevées par rapport aux prix prè-crise auxquels nous sommes habitués, du fait des tensions sur la production et de la volatilité des prix qu’elles impliquent. Rien ne dit que l’approvisionnement en gaz bon marché sera rétabli, rien ne dit que la ressource en eau sera abondante, rien ne dit que les centrales nucléaires retrouveront leurs disponibilités d’avant 2020, bref un hiver 2024 froid pourrait donner lieu à la même situation de pénurie !
 
Ce que la crise nous réserve

De nombreux facteurs montrent que le pire n’est pas passé et les mêmes causes produiront les mêmes conséquences. La situation du parc nucléaire français continue d’être préoccupante à la lumière des nouvelles fissures de fatigue thermique détectées à la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) et celle de Cattenom (Moselle). Les épisodes de forte sécheresse quant à eux deviennent de plus en plus probable sous l’effet du réchauffement climatique, comme le montre le triste record battu le 21 février : pour la première fois depuis que des relevés existent la France a connu 32 jours d’affilée sans pluie significative. Autant de facteurs qui ont poussé EDF à revoir à la baisse ses anticipations de production pour 2023. La sècheresse touchant toute l’Europe, toutes les capacités de productions sont affectées : l’hydraulique, évidement, et aussi le thermique avec des difficultés à refroidir les centrales nucléaires et charbon, sans parler des difficultés d’approvisionnement du charbon via les fleuves, où le bas niveau de l’eau ne permet plus aux péniches de naviguer à plein charge. Difficile, dans ce contexte, de penser que les importations d’électricité pourront nous sauver.
 
L’urgence d’augmenter les capacités de production

La seule solution permettant d’envisager une baisse durable des prix de l’électricité et ainsi une préservation des finances publiques et du pouvoir d’achat des ménages, réside dans une augmentation rapide des capacités de production électriques à bas coût. Bonne nouvelle, aujourd’hui, les énergies renouvelables répondent à ces deux contraintes : rapidité et faible coût de l’électricité produite. Le déploiement massif de moyens de production d’énergies renouvelables peut donc permettre de remplir cet objectif à court terme et ce, cerise sur le gâteau, sans augmenter le bilan carbone du mix énergétique.
Concrètement, et à la différence du nucléaire, le photovoltaïque peut être installé à grande échelle et à faible coût sous un délai court, en particulier sur les structures existantes : toits, parking, etc…. Bien sûr le solaire ne marche que le jour mais faire baisser les prix la journée a déjà un gros impact sur la facture. Et cette production diurne permet de moins solliciter les autres moyens de production, et donc de préserver les ressources en eau des barrages et de pallier partiellement l’indisponibilité des centrales thermiques.
Si l’argent utilisé par l’Etat pour payer nos factures, et donc financer les grands producteurs internationaux, était utilisé plutôt pour cofinancer l’autoconsommation, ne trouverait-on pas là une solution pour faire baisser durablement les factures ? Le développement rapide du solaire individuel, via un dispositif d’incitation, pourrait donc soulager rapidement le réseau électrique et faire baisser les prix, avec un impact à long terme. Sur la seule année 2022, une mesure de ce type a permis à l’Espagne de passer de 1 151 MW à 2 649 MW de puissance photovoltaïque installée en autoconsommation. Plus de 240 000 nouvelles centrales ont ainsi été connectées au réseau, dont 90 % sont installées sur des logements.
 
Selon le CNRS, une heure de rayonnement solaire reçue par la terre pourrait suffire à alimenter la planète entière en électricité pendant une année. Laisser les prix s’envoler et le déficit public se creuser sans exploiter ce potentiel immense serait une erreur. Aujourd’hui plus que jamais, une solution réellement durable à la crise énergétique passe par l’autoconsommation solaire.
 
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