Nouvelle désillusion pour les acteurs du solaire en France : la CRE (Commission de régulation de l’énergie) a publié lundi les tarifs applicables dès le 1er mai aux installations solaires photovoltaïques « implantées sur bâtiment, hangar ou ombrière ». Malheureusement pour le solaire résidentiel – soit les installations à la puissance inférieure ou égale à 9 kWc – la prime à l’autoconsommation subit une troisième baisse consécutive, passant de 350 euros par kWc à 300 euros par kWc.
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À l’horizon 2030, les objectifs nationaux prévoient un doublement des énergies renouvelables pour atteindre 40 % de la production d’électricité en France, alors qu’il est actuellement de 20 % seulement. L’engagement des professionnels de la filière sera-t-il suffisant pour atteindre les objectifs fixés en matière de transition énergétique et de réduction des émissions carbone ? Peu probable, alors même qu’un vaste potentiel reste par ailleurs inexploité : celui du résidentiel et des particuliers. Engager le consommateur à devenir autoproducteur de son électricité, c’est pourtant prendre le virage décisif de la décentralisation de l’énergie, produire uniquement ce que l’on consomme, en fonction des besoins, au plus près des citoyens et des territoires. Il est absolument nécessaire d’accélérer dès aujourd’hui la transformation du monde de l’énergie et cela passe par une mobilisation globale, du plus haut sommet de l’Etat au consommateur de cette électricité qui peut en devenir le producteur.
La France affiche aujourd’hui un total de 19,3 GW de production solaire. RTE, le gestionnaire du réseau de Transport d’Electricité français, pointait déjà du doigt dans son rapport Futurs énergétiques 2050 dévoilé en février 2022 le retard de notre pays dans ce domaine : « Développer l’énergie solaire constitue aujourd’hui un axe prioritaire de la politique énergétique en France. […] D’ici 30 ans, il faudra avoir porté le parc au minimum à 70 GW (plus de 200 GW dans la trajectoire la plus haute). » Même son de cloche du côté de l’ADEME (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) qui évoque pour sa part entre 92 et 144 GW installés sur le territoire en 2050. On mesure, à l’aune de ces chiffres, que le chemin est encore long.
Il sera encore plus long si l’on n’implique pas totalement les particuliers dans cette démarche collective. Ils sont en effet, comme souvent, les grands absents des mesures prises pour augmenter la part des énergies renouvelables en France. Pourtant, les citoyens sont volontaires et prêts à s’impliquer. C’est à présent au gouvernement de tenir un discours encourageant : les efforts de tous permettront d’atteindre les objectifs de la transition énergétique de notre pays. Cela passe bien sûr par la sobriété appelée de ses vœux par l’Etat, mais également par l’équipement des particuliers en panneaux solaires.
Malgré des aides faméliques et des procédures administratives lourdes et coûteuses, les Français s’équipent déjà en panneaux solaires et sont même prêts à les installer eux-mêmes. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à investir dans le solaire pour se lancer dans l’autoconsommation d’électricité, alléger leur facture énergétique et gagner en pouvoir d’achat. Un pouvoir d’achat qui se répercutera ensuite ailleurs dans l’économie française.
Alors que le pays fait face à une pénurie d’installateurs agréés, il est donc urgent de donner le pouvoir au consommateur, capable d’installer lui-même ses panneaux solaires pour peu qu’on lui en donne les moyens. On compte aujourd’hui 735 000 installations de moins de 36 kWc en France, dont 384 000 en autoconsommation. C’est encore trop peu par rapport au potentiel existant (20 millions de maisons individuelles sur le territoire). Quant aux politiques nationales sur le sujet, elles se doivent d’être plus ambitieuses et volontaristes. Dans le cas contraire, le fossé entre les ambitions affichés et la réalité du terrain ne cessera de se creuser irrémédiablement