La réforme du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est entrée en vigueur le 1er juillet 2024, marquant une nouvelle étape dans l’évaluation énergétique des logements en France. Initialement, cette réforme visait à améliorer les méthodes de calcul du DPE, particulièrement pour les petits logements, souvent pénalisés par l’ancien système. Mais, cette réforme est-elle réellement une avancée significative ou un simple écran de fumée pour masquer des problèmes plus profonds ?, s’interroge dans cette tribune Thomas Reynaud, fondateur et CEO de Garantme.
La réforme du DPE de 2024 a introduit plusieurs modifications notables dans l’évaluation énergétique des logements. Parmi les changements, environ 140 000 logements ont vu leur classification énergétique s’améliorer, sortant ainsi du statut de "passoires thermiques" sans nécessiter de travaux.
Les raisons avancées pour cette modification sont principalement liées à la correction des biais de l’ancien calcul. En effet, les précédents critères pénalisaient de manière disproportionnée les petits logements, souvent classés en bas de l’échelle énergétique malgré une consommation réelle plus faible par mètre carré.
L’amélioration des notes DPE pour ces logements a plusieurs conséquences directes. D’une part, elle permet de retarder l’interdiction de location des logements classés E jusqu’en 2034, offrant un répit aux propriétaires. D’autre part, cette reclassification impacte positivement la valeur immobilière, facilitant la vente ou la location de ces biens. Cependant, cette réforme ne réduit en rien les coûts énergétiques élevés pour les occupants. Les factures énergétiques restent un fardeau pour de nombreux foyers, et l’amélioration de la note DPE pourrait inciter certains propriétaires à augmenter les loyers lors du renouvellement du bail ou lors d’un changement de locataire.
Il est également important de noter l’inégalité de traitement entre les locataires de petits logements et ceux de logements plus grands. Tandis que les premiers bénéficient d’une reclassification avantageuse, les seconds continuent de faire face aux mêmes défis énergétiques sans répit similaire.
Enjeux énergétiques et environnementaux La réforme du DPE intervient dans un contexte de crise énergétique marqué par une hausse significative (et constante désormais) des prix de l’électricité. Cette situation exerce une pression accrue sur les foyers, soulignant l’importance d’une transition énergétique rapide et efficace pour atteindre les objectifs climatiques nationaux.
À long terme, la France s’est engagée à interdire progressivement la location des logements les moins performants sur le plan énergétique : ceux classés G dès 2025, F dès 2028, et E dès 2034. Pour atteindre ces objectifs, des initiatives de rénovation énergétique plus ambitieuses sont nécessaires, visant à réduire la consommation énergétique globale et à améliorer le confort des occupants.
En synthèse, la réforme du DPE de 2024 apporte des modifications qui, à première vue, semblent avantageuses pour les petits logements. Toutefois, elle soulève également des questions sur l’efficacité réelle de ces mesures face aux enjeux énergétiques et environnementaux actuels. Pour un avenir durable, il est essentiel d’encourager des initiatives de rénovation énergétique plus ambitieuses et équitables, afin de garantir une transition énergétique juste pour tous.