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ÉNERGIE

Tribune | « Confort thermique : l’été se prépare cet hiver »

PUBLIÉ LE 28 OCTOBRE 2024
PAR PATRICE WOLFF, FONDATEUR DE TURBOBRISE
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Tribune | « Confort thermique : l’été se prépare cet hiver »
Patrice Wolff / Crédits : Turbobrise
Le problème se pose tout au long de l’année : dès que le thermomètre s’emballe, le confort thermique dans les bâtiments se dégrade, notamment dans les 4,8 millions de passoires thermiques. Si la notion de précarité énergétique fait d’abord penser aux habitations mal isolées qui font souffrir du froid leurs occupants en hiver, c’est une problématique tout aussi importante en été, en période de canicule, développe dans cette tribune Patrice Wolff, fondateur de Turborise. 
 
Avec le réchauffement climatique, la question du confort thermique se pense désormais toute l’année et pour tout le monde (logements, entreprises, collectivités). Car si la facture d’énergie augmente en hiver sous le poids du chauffage, elle grimpe aussi en période estivale avec l’utilisation croissante de la climatisation.
 
Une équation complexe
 
En 2050, il devrait y avoir environ 5,5 milliards de climatiseurs dans le monde. En France, 25% des ménages et 40% des entreprises du secteur tertiaire étaient équipés d’un climatiseur en 2020 selon l’Ademe. Si ces équipements semblent constituer une solution efficace contre les fortes chaleurs, leur utilisation pose un triple problème.
 
D’abord sur l’aspect environnemental : étant de grands consommateurs d’énergie, les climatiseurs nous éloignent de nos objectifs de sobriété énergétique. Les chiffres de l’Ademe sont clairs : si tout le monde s’équipe d’une climatisation en ville et la règle à 23°C, on augmente alors de 2° à 3,6° la température de l’air extérieur d’ici 2030. Si le recours à la climatisation nous soulage à court terme, cela peut ironiquement augmenter les températures à long terme.
 
Ensuite, sur l’aspect économique : la consommation d’électricité induite par l’utilisation de la climatisation génère un surcoût non négligeable sur la facture d’énergie. A titre d’exemple, refroidir une pièce de 45m² fait augmenter la facture de 20 à 25%.
 
Enfin, sur l’aspect social : le principe de retirer l’air chaud de l’intérieur pour le rejeter à l’extérieur, c’est un peu comme sortir ses ordures pour les mettre devant la porte de son voisin. Dans son dernier rapport, la fondation Abbé Pierre pointait cette “mal-adaptation” au changement climatique, “injuste pour celles et ceux qui en subissent les rejets d’air chaud”.
 
 
Agir là où le bât blesse
 
Dès lors, et alors que la fréquence et la durée des canicules doublera d’ici à 2050 selon Météo France, comment résoudre cette problématique ? A l’échelle nationale, il est capital de mettre en place des politiques plus ciblées pour atteindre nos objectifs environnementaux. Favoriser la sobriété énergétique et l’isolation des bâtiments, accélérer le déploiement des énergies renouvelables et végétaliser les villes sont autant d’actions nécessaires à enclencher urgemment.
 
Certes, dans certains bâtiments, comme les hôpitaux, les maisons de retraite ou encore les tours vitrées de la Défense, il sera impossible de se passer de la climatisation en période de canicule. Mais son utilisation doit être régulée et surtout répondre à une logique de bon sens. En métropole, le recours aux climatiseurs n’a aucune raison d’être systématique quand les bâtiments sont adaptés. A commencer par les bureaux, où il serait temps d’accepter que les salariés puissent travailler en tenue légère en période chaude : mieux vaut opter pour un polo et un bermuda que garder un costume et augmenter la climatisation…
 
Il devient urgent d’opérer un changement de culture pour adapter nos pratiques. Outre-Atlantique par exemple, les brasseurs d’air plafonniers sont largement plébiscités depuis des décennies (plus de 65% des particuliers et entreprises sont équipés aux USA, contre moins de 3% en métropole). La plupart des bâtiments sont ainsi équipés de ces ventilateurs de plafond high tech dont l’efficacité est prouvée : ils génèrent une baisse de 4°C de la température ressentie. Ils peuvent s’utiliser seuls ou bien, en période de canicule, en complément d’un climatiseur qui sera alors réglé à une puissance beaucoup moins forte. Une étude du Cerema Méditerranée, réalisée à l’été 2023 dans un collège toulousain, a montré qu’en ventilant les salles de classe la nuit et en ajoutant des brasseurs d’air, il était possible de garder les salles à moins de 30°C en cas de canicule, sans créer d’effet d’îlot de chaleur urbaine. Qu’attendons-nous pour encourager davantage ces dispositifs ?
 
Il faut changer nos habitudes. Les études prouvent qu’en France métropolitaine, dans le tertiaire, on reste dans la zone de confort du corps humain jusqu’à 30°C si l’on s’habille légèrement et que l’on a un courant d’air. Sans compter que le fait de coupler un brasseur d’air avec un climatiseur génère 30% d’économie sur la climatisation : c’est colossal. Cela permet aussi de faire baisser le “surrefroidissement” de 33% à 9%. Le législateur semble avoir le nez coincé dans le guidon à chercher des économies sur le chauffage mais il ne valorise pas ce couplage alors que les études sont catégoriques…
 
Derrière ce sujet du confort thermique transparaît un enjeu de société majeur. Si nous voulons atteindre nos objectifs écologiques, les moyens financiers adéquats doivent être mobilisés. Mais nous le savons, le contexte environnemental nous oblige aux compromis. Nous devons tous – pouvoirs publics, collectivités, entreprises, particuliers – changer de paradigme pour agir dès maintenant pour notre confort thermique de cet été et ceux qui suivront. Arrêtons de sauter sur la télécommande de la climatisation dès qu’il fait chaud. Chaque degré compte.
 
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