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Colas Environnement optimise, pour la récupération d'hydrocarbures flottants sur une nappe, une technique existante, l'extraction sous vide. Quand les hydrocarbures percolent dans le sol, ils s'étalent au-dessus de la nappe : c'est la phase libre flottante, ou surnageante, constituée d'un produit pur. « Notre technique consiste à récupérer ce flottant, en limitant l'aspiration des gaz et des eaux », explique Jérôme Rheinbold, directeur de Colas Environnement, agence Pollution Service.
Des cannes, ou tuyaux, sont installées dans des puits de 60 à 80 millimètres de diamètre forés sur le site, et descendant jusqu'à l'interface entre l'eau et les hydrocarbures. Une pompe à vide externe remonte l'eau, puis les hydrocarbures contenus dans un seul puits. L'extraction sous vide reste limitée à une profondeur de 10 mètres au-delà de laquelle la pression est plus élevée d'un bar. Pour remonter l'eau, il faudrait alors créer une dépression équivalente, « ce qui est physiquement irréalisable », explique le directeur. Lorsque commence l'aspiration des gaz à pression atmosphérique, la pression absolue dans le puits remonte de 100 à 500 mbar. Dénoyé, le puits est alors fermé et le système, géré par un automate, bascule vers le puits suivant. L'opération se poursuit ainsi sur l'ensemble des puits. « C'est un système évolutif et relativement peu coûteux », souligne Jérôme Rheinbold. L'utilisation d'une unique pompe externe facilite l'entretien. Un nombre de puits important peut être raccordé par une simple modification dans le programme du système, sans changer l'unité.
Autre avantage de la technique, « en n'introduisant qu'une canne dans le puits, nous évitons le colmatage », ajoute Jérôme Rheinbold. Une maintenance moins lourde qui rend l'extraction séquencée intéressante pour une mise en oeuvre sur un site en activité. C'est dans ce cadre que Colas Environnement utilise cette technique, depuis plus d'un an, sur un site de maintenance des trains de la SNCF, qui présente des surnageants sur une nappe faiblement perméable. « Une faible perméabilité offre la possibilité d'abaisser totalement le niveau d'eau dans le puits », éclaire Jérôme Rheinbold. L'entreprise travaille désormais à pallier cette limite et à rendre le procédé utilisable sur toutes les nappes. Sur ce site, seulement 4 m3 d'eau contenant des hydrocarbures sont traités par jour.
Après séparation, la phase aqueuse est filtrée sur des charbons actifs, avant réinjection dans le réseau du site, tandis que la phase pure est éliminée hors site. En fin de traitement, des hydrocarbures subsistent dans la frange capillaire. Dans cette zone de transition entre le sol non saturé, qui renferme environ 20 % d'eau, et la nappe, qui en contient de 40 à 50 %, les hydrocarbures flottent mais ne coulent pas, même sous l'influence d'un gradient hydraulique. Piégés, ils sont difficiles à récupérer. Or, lorsque la nappe remonte, elle remobilise ces hydrocarbures. Pour les capter, Jérôme Rheinbold évoque la possibilité d'utiliser le bioventing comme technique de finition du traitement, indiquant que « la technique d'extraction séquencée de surnageant peut ensuite être facilement modifiée pour mettre l'ensemble des puits en extraction ». Un flux d'air est créé - venting - qui oxygène le sol et active la dégradation des hydrocarbures par les bactéries aérobies présentes dans le sol.