À Metz, la chasse aux fuites d'eau est ouverte depuis 2008. À son arrivée, la nouvelle équipe municipale a en effet introduit un avenant au contrat liant la ville à la Société mosellane des eaux (filiale de Veolia Eau), pour élever l'objectif de rendement de réseau à 83 % en 2010. Pour l'atteindre, une batterie d'outils ont été déployés : une sectorisation en 27 zones équipées de compteurs et débitmètres pour établir le bilan d'eau de chacune et le surveiller quotidiennement, des prélocalisateurs pour « écouter » en permanence les réseaux et réduire le champ des recherches de fuites, puis une localisation fine par des équipes de terrain utilisant les méthodes traditionnelles, mais aussi la corrélation acoustique, le gaz traceur, etc.
Résultat : en 2009, le rendement a atteint 81 %, contre 78,2 % en 2008. Les chiffres officiels de 2010 ne seront, eux, disponibles que dans quelques mois. « Il faut s'intéresser au rendement de réseau, pour des raisons à la fois économiques et environnementales, mais il ne faut pas l'idolâtrer », prêche Dominique Gros, le maire de Metz, auparavant ingénieur à l'agence de l'eau. « Au-delà d'un certain point, la recherche de fuites coûte plus cher en termes de moyens déployés que ce qu'elle permet de faire économiser », explique-t-il. Metz a donc choisi de se fixer un objectif ambitieux, afin d'assurer une gestion optimisée et raisonnée du réseau, mais qui reste proportionnel à l'enjeu et correspond à un optimum économique. Pour accompagner la démarche, la ville a renforcé les montants financiers consacrés au renouvellement du réseau, auquel elle consacre 3 millions d'euros par an. « Sans un effort sur ce volet, la recherche de rendement est vaine : les réseaux vieillissants subissent inéluctablement de plus en plus de casses », précise le maire. Parce qu'il est difficile, pour une collectivité, de faire les bons choix de renouvellement, la ville s'appuie sur la Société mosellane des eaux qui lui fournit une aide à la décision en matière de gestion patrimoniale. Maximiser le maintien en service des réseaux dans le temps implique, en effet, la recherche d'un optimum technique entre performance, réparation et renouvellement, lequel nécessite de prendre en compte une multitude de paramètres et de savoir-faire de la prévision. C'est ce que propose l'outil Mosare, mis en oeuvre à Metz.
Il s'agit d'un module statistique permettant d'orienter les choix de renouvellement là où ils sont le plus efficaces. L'outil calcule une probabilité de casse et croise le résultat avec des facteurs liés à la gravité des impacts et aux opportunités de renouvellement (travaux de voirie, projet de transports en site propre, rénovation de branchements). Alimenter un tel outil demande néanmoins un gros travail de capitalisation des données : à Metz, seuls 3,5 % des tronçons de canalisations étaient renseignés dans le SIG, en termes de matériau, date de pose, diamètre, historique de fuites. Il a donc fallu reconstituer les caractéristiques des 865 km de canalisations.