La France peut rester compétitive dans le secteur des petites voitures électriques face à l’Europe de l’Est, l’Espagne, mais aussi la Chine, souligne une étude réalisée par la Fondation pour la Nature et l’Homme et l’IMT-IDDRI, qui plaide pour une relocalisation de la production.
La France gangerait-elle à parier sur une relocalisation en France de la production de petits véhicules électriques ? Oui, affirment la Fondation pour la nature et l’homme et l’IMT-IDDRI, qui parlent même d’une « opportunité industrielle », dans une étude publiée le 27 mai,
Les deux acteurs ont comparé le prix de revient théorique sur notre territoire (dans une région telle que les Hauts-de-France) avec une fabrication qui serait délocalisée en Espagne, en Slovaquie ou en Chine. La conclusion est claire : à échéance 2030, la production française peut être compétitive face à tous ces pays. Avec à la clef, la relocalisation de la production de 700 000 citadines et la création de 25800 emplois sur notre territoire.
Un écart de compétitivité de 2 à 6 % seulement
D’après leurs calculs, l’écart de compétitivité ne dépasserait pas 2% à 2,5% entre la France et les autres pays européens en 2030, soit une différence de prix estimée entre 260 à 400 euros. Un écart qui ne justifierait pas des délocalisations.
L’écart de compétitivité est plus important avec la Chine : celui-ci grimpe à au moins 6%, soit une différence de coût de revient d’environ 1000 euros par véhicule. Mais cet écart peut être « compensé » estiment les deux acteurs. Deux outils ont été envisagés : l’augmentation des droits de douane, comme l’envisage la Commission Européenne, et la valorisation de l’empreinte carbone des véhicules au sein de différents outils réglementaires sur l’exemple de l’éco-score appliqué au bonus écologique, qui permet de disqualifier les véhicules produits en Chine qui ne pourraient pas en bénéficier. « Les 4000 euros proposés aux consommateurs dans le cadre du bonus écologique viennent en effet très largement compenser l’écart de compétitivité de 1000 euros en faveur de la Chine », détaille l’étude.
25 800 emplois à la clé
La production des voitures électriques nécessite moins de main d’œuvre que la production de voitures thermiques : les deux acteurs ont calculé une baisse de l’indice emploi de 28% lors du passage des chaînes d’assemblage du thermique à l’électrique. Pour les 1,3 millions de véhicules assemblés en France actuellement, cela réduirait donc le nombre d’emplois de 66 300 à 47 800, soit une disparition de 18 500 emplois.
L’objectif est donc de compenser les emplois perdus par une relocalisation des véhicules de segments A et B. En cela, la FNH et l’IMT-IDDRI ont pris aux mots le président Emmanuel Macron avec un scénario de relocalisation en France de 700 000 petits véhicules électriques pour atteindre “deux millions de véhicules électriques produits en France en 2030". Ce scénario générerait théoriquement 25 800 emplois directs, permettant de gagner plus de 7000 emplois.
“Les constructeurs ont brandi le spectre de l’invasion chinoise pour justifier leur investissement dans les véhicules électriques haut de gamme, pourtant moins écologiques et moins accessibles. Force est de constater que cette invasion n’a pas eu lieu, et qu’une production française de petits véhicules abordables est possible ", a déclaré Thomas Uthayakumar, directeur des programmes et du plaidoyer FN.
L’industrie automobile française a subi plus de deux décennies de délocalisations : la production nationale a été divisée par deux depuis les années 2000. Les plus petits véhicules ont particulièrement fait les frais de ces délocalisations tandis que les stratégies commerciales des constructeurs ont privilégié les modèles haut de gamme et les SUV, plus rentables, et ce, au dépend du défi climatique, de l’enjeu des ressources et de l’accessibilité des ménages.