L'argent est le nerf de la guerre, même lorsqu'il s'agit d'environnement. En l'occurrence, mettre en place un intéressement salarial sur des critères environnementaux peut motiver les employés à réduire leurs consommations. Ces intéressements restent rares : la grande majorité des entreprises continuent de faire rimer intéressement salarial avec objectifs économiques. Mais de plus en plus y ajoutent des critères de responsabilité sociale et environnementale. Une telle décision n'arrive jamais de but en blanc, elle est toujours la suite logique d'engagements de la direction en faveur du développement durable. Le premier point est de décider quelle part de l'intéressement dépendra de critères environnementaux, et surtout choisir ces critères. « Les salariés doivent avoir la capacité d'agir facilement sur ces critères, indique Estelle Becuwe, en charge de la responsabilité d'entreprise chez Axa France. La consommation d'énergie dépend beaucoup de la météo, du travail des équipes de maintenance... sur lesquels les salariés n'ont pas la main. En revanche, comme nous sommes surtout une activité de bureau, la consommation de papier est un poste important. Nous avons donc établi deux objectifs, l'un sur la diminution de la consommation, l'autre sur le tri du papier consommé. » Chez Axa, l'environnement compte pour seulement 5 % de l'intéressement salarial total. De son côté, TVO, la filiale de Veolia dans les transports, a indexé l'intéressement sur la baisse des émissions de CO2, le calcul portant sur le nombre de kilogrammes de CO2 émis pour 100 km. Un critère logique pour une entreprise comptant 80 % de conducteurs. « J'avais déjà mis en place un intéressement aux résultats économiques, explique David Colon, président de TVO. Désormais, le montant total de l'intéressement est pondéré par les critères environnementaux. Par exemple, s'ils sont atteints à 130 %, l'enveloppe globale est multipliée par 130 %, mais elle peut être diminuée si les objectifs environnementaux ne sont pas atteints, sans toutefois descendre en dessous de 50 %. » Déterminer les objectifs s'avère cependant difficile. « La première année, nous avions manqué d'ambition, se rappelle Estelle Becuwe. Nous avions fixé une diminution de la consommation de papier de 5 % et nous avons atteint 14,5 % ! » Chez TVO, qui avait pour objectif une baisse de 1 % des émissions de CO2, les résultats ont été plus contrastés selon les sites. Preuve, probablement, du rôle de l'engagement des équipes de direction locales pour que cela marche. Mais, l'intéressement n'aura de résultats positifs que si l'entreprise accompagne ses salariés, par de la sensibilisation, de l'information, mais aussi des aides matérielles. TVO forme tous ses chauffeurs à la conduite « rationnelle » et propose aux employés un quizz de quarante questions avec des lots à gagner, afin de les sensibiliser de manière ludique. De son côté, Axa a mis en place des campagnes pour aider aux bons gestes d'impression, des formations pour imprimer recto verso, et a rationalisé le nombre et les fonctionnalités des imprimantes. En effet, à activité égale, il y a un lien direct entre le nombre d'imprimantes et la consommation de papier.