« Nous allons doter Paris d'une nouvelle porte d’entrée logistique capable d'accueillir en zone dense plusieurs trains de marchandises par jour ! Puis de les dispatcher dans la ville par des véhicules à motorisations alternatives au diesel comme le gaz (GNV) », resitue Jonathan Sebbane, directeur général de Sogaris. Cet opérateur atypique - une société d’économie mixte (SEM) spécialisée sur l'immobilier logistique urbain et dont le conseil d’administration est dominé par la Ville de Paris, les trois départements de petite couronne et la Caisse des dépôts – travaille depuis plusieurs années sur cet équipement à haute valeur ajoutée, coûtant 90 millions d'euros (dont la moitié pour la gare de fret et son quai de 400 mètres de long) et répondant à l'urgence de réimplanter des activités logistiques en plein Paris. Embranché au faisceau ferré nord et livré au printemps prochain, ce site aménagé par SNCF Immobilier accueillera quotidiennement une puis deux navettes ferroviaires. « Et à terme jusqu'à quatre, soit 400 camions en moins dans la ville par jour ! », espère Jonathan Sebbane. Cet ingénieur polytechnicien, ancien directeur du cabinet de Jean-Paul Huchon à la Région IDF et qui a fait ses gammes au ministère de l’Écologie, en revient à ses premières amours avec cet enjeu à forte dimension environnementale du dernier kilomètre de livraison en ville. Conscient des fortes attentes en la matière - « pas question de se louper sur ce grand projet » - il est confiant dans son aboutissement, sa rentabilité et son avenir. En bout de chaîne, les livraisons du dernier kilomètre seront assurées par le prestataire XPO Logistics. Et en amont, il y aura pour commencer deux points de départ des marchandises. Un dans le Pas-de-Calais, à Dourges, où un terminal adéquat massifie déjà des flux aptes à rejoindre la capitale par ce faisceau ferré nord. « Et un dans le Val-d'Oise, à Bruyères-sur-Oise, où nous allons créer un site adapté sur un terrain de trente hectares que vient de nous céder le département », explique Alain Panhard, président du groupe du même nom, reconnu dans le monde de l'immobilier logistique. « Pas n'importe où mais sur une zone logistique majeure où sont déjà implantés UPS, Metro, une grosse centrale d'achat de Leclerc, des industriels comme Arcelor et des entreprises expertes du traitement des terres polluées comme Biogénie et Extract-Ecoterres », vante Arnaud Bazin, président du conseil départemental du Val d'Oise.« A Bruyères-sur-Oise, nous ferons en quelque sorte du dernier kilomètre excentré », ajoute  Alain Panhard. « Car c'est là que se jouera la dernière rupture de charge, avec la préparation des marchandises puis leur mise en colis dans des caisses transbordées en train en deux heures vers Chapelle International. Des caisses mobiles ? « Oui, sur le même modèle que celles qui sont utilisées dans le secteur du transport combiné rail-route », précise-t-il. « Le but est que ce mode d'acheminement innovant, par navette de fret ferroviaire, ait le même coût qu'un simple transport par camion. Sinon, cela ne prendra pas », ajoute Jonathan Sebbane. En bout de course, deux clients chargeurs se sont déjà montrés intéressés. Et ce n'est qu'un début.Morgan Boëdec