Thierry Mallet, le nouveau P-DG du groupe de transports publics Transdev, a une expression pour qualifier le potentiel du numérique dans les mobilités : « Il permet de cibler les inefficacités et de les renverser en opportunités ». C'est le cas dans les zones d'activités, où la voiture reste le mode dominant et où les lignes classiques de bus sont peu performantes malgré leur coût et l'acquittement par les entreprises du versement transport. « L'effet dérégulateur du numérique conduit à revisiter le transport collectif à la demande, en collant mieux aux besoins des salariés », poursuit ce patron ingénieur de formation, passé par Suez et Degremont. Une opération pilote est ainsi menée, depuis quelques semaines, dans cinq zones d’activités de Beauvais (Oise) et Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Nom de code : Chronopro. « C'est une appli conçue pour aider les salariés dans leurs déplacements quotidiens grâce à un dispositif innovant de navettes à la demande », décrit Olivier Joyeux, directeur développement de Cityway. Son équipe a planché un an sur ce dispositif à deux têtes, avec une appli pour l'usager et une autre pour le chauffeur du véhicule. Et si le premier n'a pas de smartphone ? « Il peut y accéder au bureau via un site internet ou par téléphone », rassure l'expert. A l'aller, il renseigne l'heure à laquelle il veut se mettre en route et sa destination. Le conducteur note en temps réel les réservations. Il construit, module son itinéraire en fonction des demandes des passagers géolocalisés.Dans les deux villes, quatre navettes tournent et partent à horaires définis depuis des pôles d’échanges. « Ce service remplace d'anciennes lignes classiques de bus, poursuit Olivier Joyeux. A moyens constants, nous décuplons le rayon de desserte et plaçons toutes les entreprises de la zone à moins de 300 mètres d'un arrêt. Au retour, nous garantissons l'horaire d'arrivée et prévenons quand le véhicule approche ». Bien vu des collectivités, ce service se déploie là où il a du sens et évite l'écueil des bus roulant à vide. Mieux, l'opérateur le propose quasi systématiquement aux intercommunalités avec lesquelles il travaille. Ses cibles : les sites aux amplitudes horaires particulières et les zones d'habitat peu denses. Un premier retour d’expérience est prévu dans les premiers mois de l'année. Morgan Boëdec