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MOBILITÉ

Vincent Monatte : « La filière vélo redonnera des moyens humains et financiers pour repenser le cycle dans sa globalité »

PUBLIÉ LE 25 MAI 2023
PROPOS RECUEILLIS PAR ABDESSAMAD ATTIGUI
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Vincent Monatte : « La filière vélo redonnera des moyens humains et financiers pour repenser le cycle dans sa globalité »
Vélogik propose des services de maintenance et réparation de vélos. Crédit : Vélogik
Depuis la crise sanitaire, le marché du vélo en France connaît une évolution significative. Alors que la filière du cycle se structure, Vincent Monatte, co-président de Vélogik, souligne l’importance croissante des services de maintenance et réparation pour les entreprises, les collectivités et les propriétaires de vélos électriques. Interview.

La capacité de produire des vélos, l’aménagement des espaces, la durabilité des vélos et la formation des mécaniciens cycle sont autant de questions cruciales pour assurer le développement durable d’une industrie du vélo. Dans un contexte favorable à la petite reine, boostée par le récent plan gouvernemental, Vélogik se positionne en tant que précurseur en proposant des services de maintenance préventive et curative pour les entreprises et les collectivités, ainsi que des ateliers boutiques dédiés à la réparation des vélos pour les particuliers. Échange avec Vincent Monatte, co-président de cette entreprise qui innove pour garantir la sécurité et la fiabilité des vélos tout au long de leur durée de vie.

EM : Quelle est la tendance au sein du marché du cycle, notamment depuis la crise sanitaire ?

Vincent Monatte : Avant d’être une mode ou une manière de se démarquer d’un point de vue environnemental, le vélo a été une solution de mobilité qui permettait une certaine indépendance, notamment pendant la crise sanitaire. Les gens ont redécouvert le vélo, ils l’ont ressorti du garage, et d’autres ont découvert le vélo électrique. À ce moment-là, il y a eu une vraie demande.

Cet effet de bulle est en train de se dégonfler pour se stabiliser avec une grosse part d’achats de vélos électriques. En revanche, pour Vélogik, on assiste à une augmentation des besoins de services. Cette tendance est en décalage, c’est-à-dire que les individus qui ont acheté un vélo électrique en 2020, 2021 ou 2022 constatent aujourd’hui qu’il nécessite de l’entretien. C’est comme une voiture finalement, sans connaissances fines de l’automobile, on ne peut pas l’entretenir seul. De là découle le besoin de services en maintenance. Mais ça reste encore un métier qui, économiquement, est complexe. Pour revenir à l’exemple de la voiture, en cas de problème technique, le garagiste peut proposer son service avec des factures qui s’élèvent à 300, 800 ou 1 200 euros. Mais lorsqu’un particulier arrive chez un réparateur de vélos, la facture moyenne de la maintenance attendue est proche de 40 euros. Donc, nous avons besoin d’expliquer et de donner de la visibilité à ces métiers et aux coûts qui leur sont associés.

EM : Quels sont les services que Vélogik propose aux entreprises et aux collectivités ?

Sur la partie collectivités et entreprises, nous sommes sur un parc de 66 000 vélos en gestion en France et en Grande-Bretagne. Nous travaillons pour le compte de grands transporteurs qui mettent en place des services de mobilité dans les villes, ou pour des entreprises telles que La Poste. Pour ces clients, nous faisons de la maintenance qu’on appelle « préventive ». Ce sont des visites périodiques qui nous permettent de maintenir en amont le cycle en fonction des usages. Nous réalisons également de la maintenance « curative ». Avec la digitalisation de nos métiers, nous entrons aujourd’hui dans ce qu’on appelle la maintenance « prédictive ». Avec un jeu de données, nous arrivons à savoir quelles sont les pièces qui ont des points de faiblesse et nous les changeons. Au lieu de jeter ces pièces, nous nous dirigeons vers une logique de seconde main. Nous les proposons à d’autres clients, ou à des structures, des ateliers participatifs, soit elles sont revalorisées, triées en fonction des matériaux.

Le deuxième secteur d’activité sur lequel nous avançons, c’est la partie BtoC avec des ateliers boutiques dédiés à la réparation des vélos utilisés par les particuliers.

EM : Comment se porte la filière du vélo en France ?

Nous assistons à la structuration de la filière vélo en France. Celle-ci a la particularité d’avoir été conçue et réfléchie l’année dernière, à la suite d’un rapport du député Guillaume Gouffier-Cha. Après sa définition le 15 novembre dernier, on verra la concrétisation de cette filière économique du vélo courant juin, avec la signature d’une convention de filière. Un premier comité interministériel a eu lieu le 5 mai, sous l’égide de la Première ministre, Élisabeth Borne, qui a annoncé la mise en place d’un « Plan vélo et marche 2023-2027 » financé par l’État à hauteur de 2 milliards d’euros.

EM : Qu’est-ce qui a freiné l’émergence de cette filière ?

Historiquement, nous étions reconnus dans le monde pour la production industrielle des vélos, précisément à Saint-Étienne. Dans les années 1960-1970, il y a eu une bascule de l’industrialisation en France. Durant cette période, la compétence sur l’industrie du vélo s’est envolée d’une part, et d’autre part, nous sommes passés au tout-automobile avec un appui très fort à cette industrie qui reste encore très largement prégnante en France. Par ailleurs, les pays nordiques comme le Danemark, la Suède, la Norvège ou les Pays-Bas ont fait le choix de la bascule au moment du choc pétrolier. Ils ont rapidement compris que cette carbonation des transports ne serait plus viable, ils ont ainsi facilité la diversification des modes de transport en encourageant la marche à pied ou le vélo. Ils ont fait un gros effort sur l’aménagement, sur la capacité à gérer les flux et la sécurisation des déplacements à vélo.

Dans le cadre de la filière Vélo France, il y a une réflexion à la fois sur la capacité à produire du vélo, à l’aménagement des espaces, mais aussi la capacité à pouvoir proposer des services. La filière travaille également sur la durabilité, la vie du vélo, des pièces qui le composent, voire la seconde vie, notamment en ce qui concerne les batteries. Donc, la filière vélo va redonner des moyens humains et financiers pour repenser le vélo dans sa globalité.

EM : Quelle nouveauté Vélogik apporte-t-elle à cette filière ?

Nous avons signé un accord avec l’APIC (Association de Promotion et d’identification des cycles) pour mettre en place un carnet d’entretien digitalisé du vélo. La réflexion sur ce carnet remonte à 2016 avec l’objectif de suivre le vélo et son utilisation. Nous l’avons mis en place chez nous depuis 2018, nous l’avons testé sur les Véligo Location en Île-de-France et nous l’avons proposé dans le cadre de la réflexion de la structuration de la filière vélo. L’idée est de le généraliser sur l’ensemble des services et des vélos distribués à l’échelle nationale. C’est le projet 2024 que nous allons construire avec l’écosystème pour déployer ce carnet d’entretien digitalisé qui sera associé au marquage du vélo, déjà mis en place.

Concrètement, ce carnet nous permettra de suivre les interventions réalisées sur le vélo et les pièces changées, tout au long de la durée de vie du cycle. Au moment de la revente, on peut garantir à l’acheteur que le vélo a été suivi, entretenu, qu’il est donc fiable et sécurisé. Cela permet aussi de connaître les usages, avec la collecte de données dynamiques. Il y a plusieurs avantages, mais ce qu’il faut retenir, c’est que le carnet d’entretien permettra de garantir la sécurité, de faciliter la revente, pour les professionnels de surveiller et d’assurer le suivi du vélo tout au long de son cycle de vie. Nous pouvons dire que c’est une sorte de carte vitale du vélo.

EM : Vous êtes axés sur la maintenance et la réparation, quels sont les besoins en formation pour ces métiers de mécanicien cycle ?

Nous avons un fort besoin de main-d’œuvre. Les métiers du vélo recrutent, il y avait 40 000 personnes qui travaillaient avant le Covid dans ces métiers en France. Aujourd’hui, on estime être à plus de 170 000. Côté formation, il n’existe que deux titres de certification dans les métiers de la maintenance et de la vente cycle. Pour nous, l’objectif est de proposer cinq titres avec des formations plus spécialisées. De plus, pour répondre aux besoins de la filière à long terme, il faut informer les élèves dans les écoles, les lycées sur les métiers du vélo et détecter le plus tôt possible des talents pour les intéresser à ces métiers et aux diplômes qui permettent d’y accéder.
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