En pleine incertitude politique sur les parts de marché à assigner aux biocarburants à l'échelle européenne pour 2020, c'est un grand pas en avant que vient de franchir la France, le mois dernier, en lançant Futurol. Ce projet, doté d'un budget de 74 millions d'euros, vise à expérimenter une unité de production d'agrocarburants de deuxième génération basée sur la filière biochimique. Il produira de l'éthanol pour moteurs à essence à partir de végétaux entiers, et non plus de graines ou de sucres. « Nous privilégions l'approche multiressource et mettrons au point un pilote dit flexible. Cela mobilisera trente chercheurs pendant huit ans », détaille Dominique Dutartre, président de Procethol 2G, la société qui porte le projet au sein d'un consortium associant, entre autres, l'Inra, l'IFP, l'ONF, Oseo, Lesaffre, Tereos et le pôle IAR de Champagne-Ardenne-Picardie. La mise en production, « à hauteur de 500 000 l/j », est en effet prévue pour 2016, une fois terminés la R et D (2010), le pilote (2013), la construction de l'usine si construction il y a (2015) et la phase de démonstration. Le tout à Pomacle-Bazancourt (Marne), où existe déjà un pôle d'activités centrées autour de la biomasse. Principal défi : « l'obtention d'enzymes suffisamment productives et agressives pour dégrader la lignine, constituant de base des végétaux, et accéder à la cellulose, qu'on fera fermenter, explique Marion Guillou, P-DG de l'Inra. Actuellement, c'est le plus gros poste de dépense. » Côté filière thermochimique (pour faire du biogazole de deuxième génération), le CEA doit annoncer un projet de même ampleur, également dans l'est de la France.