La terre crue a longtemps servi de matériau de construction en France, particulièrement en Midi-Pyrénées, où le parc est estimé entre 50 000 et 100 000 bâtiments. Après un abandon d'un siècle dû à l'arrivée du ciment, l'intérêt pour ce matériau répondant à de nombreux critères du développement durable est en train de renaître en France et en Europe. Avec sur sa route des obstacles majeurs : un manque de formation des professionnels, une absence de réglementation pour la construction, un défaut de caractérisation scientifique et de normalisation. C'est pour pallier ces manques que s'est mis en place Tercruso, un projet de recherche rassemblant des laboratoires publics (le laboratoire matériaux et durabilité des constructions de Toulouse III-Insa, le laboratoire de recherche en architecture de Toulouse II et le laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Toulouse), l'Association régionale d'écoconstruction du Sud-Ouest ( Areso) et six briqueteries régionales, rejoints par les Compagnons du devoir. À mi-parcours, ce projet de trois ans lancé fin 2009, avec l'aide de la Région et de la Dreal, a déjà permis de caractériser briques et enduits modernes, ainsi qu'un adobe traditionnel, sur leur résistance, conductivité thermique, perméabilité à la vapeur d'eau, composition chimique, etc. « Je vais publier les premiers résultats cet automne », indique Jean-Emmanuel Aubert, chercheur au LMDC. Une analyse du cycle de vie est en cours au LRA en vue de produire une fiche de déclaration environnementale et sanitaire. « Ce qui ralentit le travail, c'est le sous-financement, regrette Alain Marcom, membre d'Areso et dirigeant d'une entreprise de maçonnerie qui construit en terre crue depuis 1987. Or nous avons vraiment besoin de recherche appliquée pour faire évoluer la réglementation. »