La fibre verte des candidats a-t-elle été déterminante dans l'isoloir ?
Pas vraiment. Au contraire, l'environnement était le grand absent de la campagne électorale. Hormis le nucléaire qui, du fait de la catastrophe de Fukushima, a imposé aux candidats de se positionner très tôt sur le futur mix énergétique, il était bien difficile de trouver dans leurs discours d'autres engagements. Et le citoyen lambda, qui voulait voter en toute connaissance de cause, a cherché en vain l'étiquette environnementale qui l'aurait aidé à y voir plus clair. Certes, de nombreux organismes spécialisés ont choisi de décrypter les programmes et de les comparer. On peut citer le questionnaire d'Amorce sur la transition énergétique territoriale, celui de la Ligue Roc sur la biodiversité, les lettres ouvertes d'Atmo France et d'Effinergie, ainsi que les deux analyses d'Alcimed sur la politique et l'efficacité énergétiques des bâtiments. Mais si l'exercice a eu le mérite de la pédagogie, il ne s'est pas révélé électoralement décisif.
Reste que l'absence de la thématique environnementale dans les programmes mérite réflexion. Pourquoi, alors qu'elle avait monopolisé la campagne de 2007, s'est-elle évaporée ? La dégradation de la conjoncture économique n'est-elle pas une explication un peu courte ? Ne serait-ce pas plutôt que l'environnement est une porte d'entrée aujourd'hui bien étroite pour espérer changer le monde ? À quelques semaines de Rio+20, ne serait-il pas enfin temps d'analyser le monde à travers le prisme du développement durable (DD) et de son triptyque environnement, économie et social ? L'association des Régions de France, en publiant une batterie de nouveaux indicateurs, ne fait pas autre chose. La prise en compte de données sur l'éducation, le lien social, la santé, l'emploi, les revenus et l'environnement fournit de nouvelles grilles de lecture du développement territorial. Et, selon que l'on privilégie le PIB, l'indice de développement humain ou l'indice de santé sociale, le classement des régions françaises est bien différent. Avec ces nouvelles boussoles, les élus vont pouvoir évaluer et orienter différemment les politiques publiques en fonction des inégalités constatées. Et susciter de vrais espoirs... sans décevoir.