Face à une forêt privée morcelée qui, malgré son potentiel, n'arrive pas à répondre à la demande croissante de bois et qui vit sous perfusion de financements publics, les acteurs de la forêt rhônalpine imaginent de nouvelles voies. Parmi elles, la compensation carbone, avec l'association Sylv'acctes, en passe d'être créée. Elle s'inspire d'une expérience, menée en 2010 dans le Chambaran (Isère) par le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) et la banque Neuflize. Cette dernière souhaitait compenser volontairement une partie de ses émissions de CO2 : elle a trouvé dans le financement de travaux forestiers un moyen d'y par venir. Sylv'acctes constituera une interface de financement entre des travaux forestiers aux qualités tant climatiques qu'économiques, environnementales et sociétales, et des financeurs (entreprises et collectivités) soucieux d'améliorer localement leur empreinte. Pas question pour ceux-ci de se limiter à du greenwashing : « C'est un dispositif qui s'adresse aux entreprises et aux collectivités hors du marché des quotas, exerçant une activité dans la région et engagées dans une stratégie de réduction de leurs émissions (bilan carbone, plan climat, etc.) », insiste Loïc Casset, ingénieur au CRPF et chef de projet Sylv'acctes. Trois cents hectares seront concernés en 2015, dès la création de l'association, grâce aux premiers financeurs : le conseil régional, le Grand Lyon ainsi que plusieurs départements et entreprises. À trois ans, l'objectif est de lever un million d'euros pour financer une gestion forestière productrice de bois et de services écosystémiques (séquestration du carbone, protection de la biodiversité), créatrice d'emplois et en accord avec une stratégie durable définie par chacun des massifs candidats sélectionnés par l'association.