Les salariés qui se sentent soutenus et équitablement traités par leur employeurs sont davantage enclins à réaliser des « écogestes » dans et pour l'entreprise. Et, ce, d'autant plus que celle-ci adopte une politique environnementale concrète, opérationnelle et « non saturante ». C'est l'une des conclusions de la thèse de doctorat en psychologie sociale (de 344 pages !) que vient de soutenir Delphine Labbouz à l'université Paris Ouest Nanterre la Défense. « 46 % de la population active française travaille en bureaux. Mais il existe moins de recherche sur les comportements pro-environnementaux dans la sphère professionnelle que dans la sphère privée. Les bâtiments énergétiquement performants n'apportent qu'une réponse incomplète à la demande sociétale de sobriété. Le rôle des occupants est indispensable mais encore méconnu. On peut atteindre pourtant de 10 à 20 % d'économies d'énergie par la modification des comportements », explique la doctorante. Pour mieux comprendre les déterminants de ces comportements et nourrir son travail de thèse, Delphine Labbouz a mené six études auprès de 889 étudiants et 592 salariés ou collaborateurs de plusieurs entreprises. Parmi elle : le groupe de conseil et d'ingénierie Elithis, au sein duquel elle a mené sa thèse dans le cadre d'une convention Cifre (Conventions industrielles de formation par la recherche). « Cette première étude a été menée auprès de 116 salariés travaillant à Dijon dans la tour Elithis visant l'énergie positive. Elle permet de constater que le sentiment de "justice organisationnelle" et la reconnaissance au travail augmentent la motivation des salariés et donc la réalisation de comportements pro-environnementaux, comme éteindre son ordinateur pour la pause déjeuner ou prendre l'escalier plutôt que l’ascenseur », vulgarise la psychologue environnementaliste qui projette de rédiger un document plus pratique à destination des professionnels. « Ce travail, cette approche différente, nous a ouvert les yeux, nous qui évoluons dans un monde d'ingénieurs. La dimension humaine et tout ce que ça implique est essentielle », remarque Christian Rozier, ancien directeur R&D et qualité d'Elithis. Autre entreprise à s'être prêtée au jeu : le groupe de conseil en immobilier d’entreprise CBRE, signataire de la charte pour l'efficacité énergétique des bâtiments tertiaires publics et privés lancée fin 2013 par le Plan Bâtiment Durable. « 93 salariés ont été interrogés. Ceux qui sont au courant de cet engagement réalisent davantage de "comportements de citoyenneté organisationnelle", environnementaux notamment, que les autres », relève Delphine Labbouz qui confirme également dans ses travaux que les habitudes et valeurs personnelles modèrent les effets du contexte (politique environnementale, bâtiment exemplaire ou non...) sur l'implication des salariés.FT