Ce mardi 16 avril, le Réseau action climat (RAC) publie un observatoire qui évalue les actions et les votes des eurodéputés français en faveur du climat. « L’objectif est d’apporter une transparence sur les actions et les décisions des élus, concernant les grandes législations pour le climat », explique Morgane Créach, directrice du RAC. Pour cela, cet observatoire « répertorie les votes des députés français au parlement mais également les actions des ministres au conseil de l’Union européenne », précise Neil Makaroff, responsable Europe du RAC.
Dix législations structurantes soumises au vote des eurodéputés entre 2014 et 2019 ont été prises pour cadre à la création de cet observatoire. Elles concernent des accords commerciaux (Ceta), la transition énergétique, les transports (limitation des émissions de CO2 des véhicules), l’agriculture et les forêts, ainsi que les objectifs et politiques climatiques. « Une note a été attribuée à chaque député et l’abstention a été prise en compte », détaille Agathe Bounfour, responsable transports du RAC. Sur le site mis en ligne ce mardi par le réseau d’associations environnementales, trois entrées sont disponibles : par député, par texte de loi et par groupe politique. « Il est possible de comparer la note d’un député avec celle de son groupe politique », précise Agathe Bounfour. Par ailleurs, une note est attribuée au gouvernement français pour ses positions au conseil des ministres européens.
Les partis de la gauche traditionnelle en tête
Verdict, trois catégories de groupes parlementaires peuvent être établies :
- Tout d’abord, les groupes qui sont en tête de peloton avec une majorité de votes effectuée en faveur du climat : le Parti socialiste (PS), Génération.s, et les radicaux de gauche ; Europe-écologie-les-verts (EELV) ; France Insoumise, Front de gauche et Parti communiste (PC).
- Les groupes qui ont porté une action assez hétérogène en faveur du climat : Modem, UDI et la République en marche.
- Les groupes « dont l’action menée sous cette mandature est venue freiner l’ambition de l’Europe pour lutter contre le dérèglement climatique », estime le RAC, à savoir : le Rassemblement national (RN), Debout la France, les Patriotes ; et les Républicains (LR) et Agir-la droite constructive.
« Nous avons identifié des marges de progression pour les différents groupes », souligne Agathe Bounfour. « Certains députés EELV étaient absents lors de votes clés, quant aux députés du Parti socialiste ou de la France Insoumise, ils ont accordé leur soutien aux nouveaux projets gaziers par exemple », détaille-t-elle. Par ailleurs, les eurodéputés du Modem, de l’UDI et de la République en marche « témoignent d’une certaine dichotomie dans l’action climatique », analyse Agathe Bounfour : « Ils ont souvent voté en faveur des accords commerciaux, et n’ont pas vote en faveur de la protection des forêts et des puits de carbone. » Enfin, la représentante du RAC attire l’attention sur certains points de vigilance : « le Rassemblement national a gagné des points en votant contre le Ceta, mais les raisons de ce vote étaient plus économiques qu’écologiques. »
Bilan mitigé pour le gouvernement
Quant au gouvernement, son bilan est mitigé : « Des positionnements ambitieux ont été tenus par ce dernier en faveur d’objectifs climatiques européens plus élevés ou d’un prix fort du CO2 pour l’industrie, mais pas sur les mesures visant à contraindre les constructeurs automobiles à réduire les émissions des véhicules », précise le RAC. Par ailleurs, l’action du gouvernement en faveur du développement des énergies renouvelables en Europe est également saluée, ce qui n’est pas le cas de son approbation du Ceta.
A noter qu’à l’occasion de la présentation de ce baromètre, le RAC avait invité six représentants des principales listes candidates aux élections européennes – Place publique, France insoumise, Génération.s, les Républicains, EELV et la République en marche – à débattre autour des enjeux climatiques.
Ce matin, 6 #candidats aux #élections #Europeennes2019 ont débattu autour des enjeux #climatiques : justice sociale, #innovation, ou encore #PAC étaient au programme @RACFrance pic.twitter.com/g6vVJLPyKG
— Environnement Mag (@EnviroMag) April 16, 2019
Parmi les propositions récurrentes des candidats, on trouve notamment la création d’une banque du climat ou du moins une accélération des investissements, l’imposition d’une taxe carbone aux frontières, l’application du principe pollueur-payeur, favoriser l’innovation européenne, ou encore la réforme structurelle de la PAC pour favoriser l’agriculture durable et les circuits-courts.