Le plan « France Relance » annoncé par le gouvernement jeudi dernier comprend un volet hydrogène, dont la stratégie a été dévoilée ce mardi 8 septembre par Barbara Pompili et Bruno Le Maire. « Le plan France Relance octroie 30 milliards d’euros à l’écologie et avec ces moyens inédits, nous avons deux objectifs : décarboner les grands secteurs de notre économie, et construire dès maintenant le futur, en faisant monter en puissance les filières d’avenir », a expliqué la ministre de la transition écologique. Ainsi, la stratégie présentée prévoit d’amplifier l’usage de l’hydrogène décarboné, en y consacrant un investissement global de 7,2 milliards d’euros d’ici 2030. « L’objectif est de construire une filière française hydrogène décarboné à portée internationale », a martelé Bruno Le Maire.
Repousser une frontière technologique pour mieux respecter les limites naturelles.
— Barbara Pompili (@barbarapompili) September 8, 2020
Nous donnons aujourd’hui avec @BrunoLeMaire le coup d’envoi de la stratégie #hydrogène. 7 Mds d’euros d’ici 2030 pour une énergie décarbonée, stockable, au service de la transition écologique. pic.twitter.com/SAj2jYtNjW
3,4 milliards d’euros entre 2020 et 2023
Cette stratégie a pour ambition de faire passer la production française d’hydrogène par électrolyse à l’échelle industrielle, et d’atteindre 6,5 GW d’ici la fin de la décennie. « Il s’agira également d’accélérer le développement des usages les plus adaptés à l’hydrogène dans l’industrie et la mobilité ’lourde’, en accélérant notamment la montée en puissance des technologies françaises, pour réussir à économiser 6 millions de tonnes de CO2 en 2030 », a précisé la ministre de la transition écologique.
Sur la période 2020-2023, cette stratégie va engager 3,4 milliards d’euros. Deux appels à projets seront lancés dans les semaines à venir. Le premier, intitulé « briques technologiques et démonstrateurs », sera doté de 350 millions d’euros jusqu’en 2023. Le second, « Hub territoriaux d’hydrogène », sera doté de 275 millions d’euros jusqu’en 2023. Par ailleurs, le programme prioritaire de recherche (PPR) « Applications de l’hydrogène », qui fera l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt en 2021, sera doté de 65 millions d’euros. Ces appels seront financés par le prochain Programme d’investissement d’avenir. En 2021 également, la France investira 1,5 milliard d’euros dans le cadre d’un Projet important d’intérêt européen commun (PIIEC/IPCEI) sur l’hydrogène. Enfin, en 2022, le gouvernement lancera un appel d’offres dans le cadre du mécanisme de soutien à la production d’hydrogène décarboné, par complément de rémunération.
Accélérer la formation et la création d’emploi
Le développement d’une filière française va nécessiter la « formation aux métiers spécifiques au gaz hydrogène », a souligné Bruno Le Maire. « Nous allons accompagner, à hauteur de 30 millions d’euros, la création de campus de métiers, rassemblant dans les mêmes structures ou les mêmes sites, des lycées d’enseignement technologique et professionnel, des universités et des écoles d’ingénieurs », a-t-il poursuivi. L’objectif du gouvernement est de créer entre 50.000 et 150.000 emplois directs et indirects. « La France a tous les atouts industriels nécessaires, il faut relocaliser l’industrie en France pour garantir la souveraineté française et européenne face à la Chine et aux Etats-Unis », a répété Bruno Le Maire à de nombreuses reprises.
De son côté, l’Association Française pour l’Hydrogène et les Piles à Combustible (AFHYPAC), salue cette stratégie nationale. Le président Philippe Boucly a annoncé la création de délégations régionales pour la coordination et la mise en œuvre de cette stratégie dans les territoires. « Il faudra aussi poursuivre le travail législatif et réglementaire, dans la continuité de la loi énergie-climat qui marque déjà une grande avancée », a-t-il souligné. « Nous préparons avec le gouvernement, un ordonnance qui précisera les garanties d’origine et les conditions de soutien aux projets », a-t-il précisé.