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POLITIQUES

Ce que l'élection de Joe Biden va changer pour l’environnement aux États-Unis

PUBLIÉ LE 9 NOVEMBRE 2020
FLORÉANE MARINIER
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Ce que l'élection de Joe Biden va changer pour l’environnement aux États-Unis
Élu 46e président des États-Unis, Joe Biden a pris des engagements en faveur du climat dans son programme, à rebours des mesures prises par son prédécesseur Donald Trump. Un défi, après quatre ans marqués par le climato-scepticisme.

Le divorce des États-Unis avec l’Accord de Paris, acté par Donald Trump le 4 novembre, n’aura pas duré. L’élection du démocrate Joe Biden à la tête du pays laisse espérer un changement drastique en termes de mesures en faveur du climat. Le désormais 46e président des États-Unis a d’ores et déjà promis dans son programme de revenir dans l’Accord le plus tôt possible.

Un Plan climat à 2.000 milliards de dollars

Le nouveau chef d’État a aussi prévu un Plan climat à hauteur de 2.000 milliards de dollars. Son programme promet une part de 100 % d’énergies renouvelables et la neutralité carbone en 2050. Il veut « s’assurer que les bâtiments et infrastructures de l’eau, de transports et d’énergies puissent résister au changement climatique. » Ces dernières années ont été marquées par des scandales sanitaires – comme à Flint dans le Michigan, où l’eau a été contaminée par le plomb en 2014. Il entend  « faire de l’Amérique le leader mondial de la recherche, de l’investissement, de la commercialisation, de la fabrication et des exportations d’énergie propre » d’ici 2030. Il compte aussi investir 400 milliards de dollars sur dix ans pour investir dans la recherche et ainsi créer de nouveaux emplois dans le secteur de l’énergie « propre ».

Du côté des transports, Joe Biden entend favoriser le déploiement de 500.000 points de recharge publics à travers le pays d’ici 2030, et rétablir un crédit d’impôt pour inciter à l’achat d’un véhicule électrique. Il n’a cependant pas précisé quel taux de réduction d’émissions de gaz à effets de serre est visé.

Des années de climato-scepticisme

Pendant quatre ans, Donald Trump s’est appliqué à revenir sur les décisions prises pendant l’investiture Obama-Biden : ainsi, celui qui considère le réchauffement climatique comme un « canular chinois » a inversé des dizaines de réglementation liées à la pollution de l’air, aux émissions de gaz à effets de serre et à l’extraction de pétrole et de gaz. Il a aussi nommé à la tête de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) les controversés Scott Pruitt (climato-sceptique proche de l’industrie des énergies fossiles) puis Andrew Wheeler (également climato-sceptique, qui a souvent œuvré en tant que lobbyiste pour défendre des charbonniers). Sans compter la sortie de l’Accord de Paris.

Mais Donald Trump ne porte pas seul la responsabilité du retard des États-Unis. Dans une interview au média NonFiction, la chercheuse Elsa Devienne décrit un pays marqué depuis le 19e siècle par des tensions entre l’urbanisation massive et la volonté de préservation de la nature. Plus tard, les années 70-80 ont été marquées par des tergiversations au plus haut de l’État, empêchant l’adoption de mesures pour réduire les émissions de carbone. Et ce malgré les alertes de militants et de scientifiques à cette époque, comme le relate une enquête du New York Times traduite dans le quotidien suisse Le Temps. Un retard qui se ressent aujourd’hui : les États-Unis sont le deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre.

Avant Biden, d’autres Green New Deal

L’administration Trump a cependant vu un fort changement de mentalité. Certains États n’ont pas attendu la victoire du démocrate pour présenter un plan climat. En 2018, la Californie (État dont la prochaine vice-présidente Kamala Harris a été procureure générale), qui essuie depuis des années des incendies de plus en plus violents, présentait le « 100 Percent Clean Energy Act », ou SB 100, qui ambitionne de rehausser la part des EnR dans le mix électrique à 33% en 2020 et 60% en 2030. Un an plus tard, la ville de New York votait le « Climate Mobilisation Act » qui vise à réduire de 40 % les émissions de gaz à effets de serre en 2030 puis 80 % en 2050 (par rapport à 2005). D’autres villes et États ont aussi pris des engagements sur les parts d’énergies renouvelables, le plafonnement des émissions de gaz à effets de serre. Joe Biden se veut être « leur nouveau partenaire à la Maison-Blanche. »

Des mesures qui vont dans le sens de la vision de deux-tiers des Américains, selon une étude du Pew Research Center : ils sont 67 % à penser que le gouvernement fédéral ne fait pas assez pour réduire les effets du changement climatique. Près de deux-tiers pensent que le climat doit être une priorité pour le président et le Congrès. Le consortium scientifique Climate Action Tracker, cité dans un article de la revue Nature, a déclaré les promesses des États-Unis « insuffisantes », qui pourraient conduire à un réchauffement planétaire de plus de 4°C. À voir si l’investiture Biden saura rectifier le tir.
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