TRIBUNE :
L’Union européenne a l’opportunité historique de s’imposer comme une puissance industrielle verte, en conjuguant innovation, protection des travailleurs et compétitivité au service de la transition écologique. Le Plan de soutien au secteur automobile et le Pacte pour une industrie propre ont le mérite de s’inscrire dans cette ambition.
PUBLICITÉ
Le Plan de soutien au secteur automobile porte des mesures attendues de soutien à l’électrique, à travers le verdissement des flottes d’entreprises, le leasing social et le développement des filières européennes de batteries.
Toutefois, la promotion d’accords de libre-échange du passé et les dérogations accordées aux constructeurs sur les normes d’émissions de CO² sapent les objectifs climatiques de l’UE. Cette clause de revoyure ne peut en aucun cas être une clause d’abandon des objectifs du Pacte vert.
Le Pacte pour l’industrie propre pose quant à lui les jalons d’une industrie européenne à la fois compétitive et durable, en soutenant l’hydrogène vert, les batteries innovantes et la relocalisation des productions stratégiques. Surtout, il pose les bases d’une préférence européenne dans les commandes publique et privée, ainsi qu’une ouverture aux aides directes d’État.
Nous appelons à renforcer ces politiques par un volet social : d’une part, un projet industriel européen de voiture électrique accessible à partir de dix à quinze mille euros, pour ouvrir l’accès à la mobilité propre, et d’autre part des dispositifs de protection et de reconversion des travailleuses et travailleurs des secteurs en mutation sont indispensables.
La bataille de la décarbonation
La droite européenne combat pied à pied le Pacte vert, désormais alliée dans cette cause à l’extrême-droite, dans une « majorité Venezuela » - Jordan Bardella l’avait pleinement assumé dans un courrier à ses collègues conservateurs, fin janvier.
C’est le rôle des sociaux-démocrates de mener cette bataille au service des générations futures.
Mais aucun combat ne se gagne sur le seul plan moral : la transition écologique pourrait donner à l’Union européenne un avantage comparatif pour la compétitivité, l’innovation et la robustesse de ses entreprises. Cette transition n’est pas faux-nez de la décroissance, mais une décarbonation de nos industries, au service d’une prospérité commune et de la lutte contre le changement climatique.
Une puissance industrielle verte... et souveraine
Avant le retour de Trump, l’administration Biden avait investi 400 milliards de dollars green avec l’IRA, tandis que la Chine poursuit son objectif de « civilisation écologique », pour saisir les opportunités de la décarbonation. Elle a déjà pris quinze ans d’avance dans le domaine des véhicules électriques.
Le Pacte pour l’industrie propre et le Plan automobile montrent la prise de conscience européenne que cette transition ne peut se faire sans souveraineté. Sans elle, nous répéterons l’erreur des panneaux solaires et des bus importés de Chine, au détriment des industries européennes.
Par une véritable préférence européenne et la rénovation de sa politique commerciale, l’Europe peut se donner les moyens de devenir la première puissance industrielle verte.
François Kalfon
Député européen
