L’association Climate Chance publie un troisième bilan mondial de la finance climat. En 2019, le secteur a augmenté ses investissements verts, mais des progrès restent à faire.
« La croissance des pertes économiques, estimée à environ 4 % par an en moyenne entre 1980 et 2019, est due aux dérèglements climatiques mais aussi au développement économique et aux vulnérabilités accrues par l’urbanisation dans des zones à risques telles que les zones côtières et les zones d’interférence avec la nature. » L’association Climate Chance a établi son troisième bilan mesurant les engagements et les politiques « verts » des investisseurs institutionnels, des gestionnaires d’actifs et des banques. Le marché des produits financiers verts, encore petit, connaît une forte progression entre 2018 et 2019 : ainsi, les prêts verts ont atteint 122 milliards de dollars (+170%), les obligations vertes 160 milliards de dollars (+51%) et la dette verte 465 milliards de dollars (+80%).
15% des investisseurs se fixent des objectifs climat
Les investisseurs sont 35% à réduire leur exposition aux énergies fossiles (contre 25% en 2016), et 40% à prendre en compte le climat dans leurs décisions financières. Mais ils sont moins nombreux à inclure le climat dans leur stratégie : ainsi, ils sont 17% à intégrer le climat à leur allocation d’actifs, 15% à fixer des objectifs climat et 27% à analyser des scénarios liés au climat – des taux plus élevés qu’en 2018.
Un développement du financement pour le climat, mais aussi pour les énergies fossiles
Plus de la moitié des banques proposent des produits financiers verts et ont des procédures de gestion de risques liés au climat. Elles sont aussi 64% à rendre publique leur empreinte carbone. Mais seules 31% d’entre elles mesurent leur impact sur le climat et 38% analysent des scénarios liés au climat. Les banques multilatérales de développement progressent avec +70% de financements pour le climat entre 2015 et 2019, ce qui représente plus de 30% de leur activité. Les banques régionales et nationales ont engagé 190 milliards de dollars en 2019. Mais l’apport financier des banques aux énergies fossiles a augmenté : 736 milliards de dollars en 2019, soit +15% par rapport à 2016. Un autre rapport épinglait 50 banques pour leur financement d’activités liées directement ou indirectement à l’extinction de masse.
Mesures européennes
Selon le bilan, le nombre de politiques de finance verte et durable a doublé par rapport à 2015 ; elles sont désormais plus de 390. Seuls 3 à 5% des plans de relance du G20 vont à l’énergie (dont 49% aux énergies fossiles et 40% aux énergies renouvelables). Pour l’association, les acteurs financiers manquent encore d’informations et de transparence pour orienter leurs financements vers le développement durable et une transition bas carbone qui soit acceptable socialement. Climate Chance préconise à l’Europe de créer des bases de données pour faciliter l’accès aux informations liées aux performances climatiques et environnementales.